LE MONDE | 18.11.04 | 13h35

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La chronique d'Eric Fottorino

Mission Clipperton

Il nous fait rêver , l'explorateur Jean-Louis Etienne, en racontant ses préparatifs pour un voyage au long cours qui le mènera bientôt sur l'atoll français de Clipperton, dans le Pacifique nord, 1 200 km au large des côtes mexicaines. On se croirait au début d'une aventure de Tintin, quand un cargo fait barrir ses sirènes dans un port pavoisé, ou quand Haddock trépigne sur le pont à la recherche du trésor de Rackham le Rouge et d'abord d'une bouteille de whisky.

Une aventure et un inventaire, voilà comment Jean-Louis Etienne décrit cette mission Clipperton. Il sera accompagné de chercheurs et de scientifiques chargés d'étudier les fonds sous-marins, la faune aquatique et terrestre, les milliers d'espèces d'oiseaux et de poissons migrateurs qui font de cet atoll corallien le lieu privilégié pour une rencontre entre l'homme et son milieu.

Ce qui nous fascine, c'est le "vendredisme" qui préside à l'expédition. Non pas que Jean-Louis Etienne et son équipe seront tout à fait rendus aux lois plus ou moins hospitalières de la nature. Ils débarqueront munis de 15 tonnes de matériel, des panneaux solaires et des éoliennes pour l'énergie, et des bonbonnes de gaz naturel "pour la partie chaleur et cuisine".

On devine malgré tout un certain retour à la vie sauvage pour la vingtaine de personnes – dont un bébé ! – qui passeront quatre mois sur place dans un camp dressé en toile et en bois, à l'ombre de la cocoteraie de l'île.

Que ne donnerait-on pas, en ces temps de grisaille et de climat empoisonné, pour compter mollusques et poissons, tranquille comme Anatole sur son atoll !

Bien sûr, il s'agit d'une tâche sérieuse et hautement pédagogique. Jean-Louis Etienne a ainsi prévu de tenir au quotidien son journal de bord. Lisible sur Internet, il constituera une véritable leçon de choses pour les écoliers associés à distance à l'expédition renouant avec le courant ancien des "voyageurs naturalistes".

Avec un sens éprouvé de la formule, l'explorateur parle de son aventure comme d'une "Organisation de la nature unie", puisque chaque chercheur, selon sa spécialité, sera l'ambassadeur de chaque espèce présente sur cet atoll inhabité qui appartient au domaine maritime français. C'est même le haut-commissaire de la République en Polynésie qui est chargé de son administration. Gageons que la tâche auprès des volatiles de Clipperton est plus tranquille que de veiller sur l'homo politicus de Tahiti.

C'est en 1977, quand il naviguait sur Pen-Duick VIaux côtés d'Eric Tabarly, que Jean-Louis Etienne a découvert l'atoll désert du Pacifique nord. Depuis, cet explorateur de la banquise n'a cessé de multiplier les incursions dans le blanc et dans le bleu des cartes. Pour témoigner, pour alerter sur les désastres écologiques avant qu'il ne soit trop tard.

Au moment des paquetages pour un départ prévu le 5 décembre, on apprend que seize mille espèces animales et végétales sont menacées d'extinction en raison du comportement destructeur de l'homme. Ont déjà disparu la corneille d'Hawaï et le crapaud doré du Costa-Rica, et aussi l'olivier de Saint-Hélène.

Par les temps qui courent, il ne faudrait surtout pas que des types comme Jean-Louis Etienne disparaissent à leur tour.

• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 19.11.04

Généralités et Environnement

Ce qui nous fascine, c'est le "vendredisme" qui préside à l'expédition.

Re: Ce qui nous fascine, c'est le "vendredisme" qui préside à l'expédition.

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Ce qui nous fascine, c'est le &quot;vendredisme&quot; qui préside à l'expédition.

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Ce qui nous fascine, c'est le "vendredisme" qui préside à l'expédition.

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