Généralités et Environnement

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L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : Bernard Triolet (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 09:05:36

Bonjour,

lu dans le Monde.fr du 16/06 :

À le voir dans sa tenue de printemps, on pourrait le prendre pour un merle. A l'entendre, pour un pinson. Mais à mieux saisir la complexité de son chant, à découvrir, surtout, la façon dont les relations sociales influent sur son apprentissage, c'est l'homme qui vient à l'esprit. A tel point que l'étude de la production vocale de l'étourneau pourrait servir de modèle aux spécialistes, médecins ou bien psychologues, qui tentent d'améliorer la récupération auditive d'enfants sourds après implantation cochléaire.

Qui croirait, de prime abord, avoir affaire à un génie de la communication ? Corps rondelet, tête allongée, ailes triangulaires et pointues, queue courte et carrée : avec sa petite taille (de 17 cm à 21 cm de longueur pour un poids de 60 g à 95 g - une misère pour de la chair à pâté), l'étourneau sansonnet passerait presque inaperçu.

Son nom même, Sturnus vulgaris, témoigne de son apparente banalité. Sa robe également : hormis en période nuptiale, durant laquelle le mâle, à l'instar du merle, arbore un plumage noir luisant aux reflets verts et pourpres, il n'est rien, dans sa couleur brunâtre mouchetée de blanc et de crème, qui retienne l'attention. Ses effectifs, qui couvrent presque toute l'Europe, se chiffrent en France à plusieurs dizaines de millions. Etourneau des villes, des côtes ou des champs, qu'importe : il trouvera sa nourriture - insectes, vers, graines - dans les pâturages, sur les grèves ou les pelouses des parcs. Pas de quoi s'inquiéter ni vraiment s'émerveiller.

Qu'on l'écoute, qu'on prête à son chant une oreille savante, et tout change ! Si sa voix n'a pas la pureté de celle du merle ou du rossignol, sa mélodie, en effet, se révèle d'une grande richesse sémantique. Certains éléments en sont universels, communs à toutes les populations du monde. D'autres, appelés "dialectes", n'existent que dans certaines limites géographiques, pouvant aller d'une dizaine de mètres carrés pour un thème à une centaine de kilomètres carrés pour un autre. Et certains chants, selon l'âge et le milieu social de celui qui les pousse, racontent d'autres histoires encore.

Et pour cause ! Période de reproduction mise à part (durant laquelle chaque couple s'isole au nid, père et mère assurant de concert l'incubation des œufs), l'étourneau figure parmi les espèces d'oiseaux les plus grégaires qui soient. Qui n'a jamais vu passer dans le ciel, par une fin d'après-midi d'automne, l'une de ses nuées denses et voltigeantes ? Et puisqu'il faut passer l'hiver, autant le passer dans les arbres, au sein de dortoirs pouvant compter - excusez du peu - deux à trois millions d'oiseaux.

A un tel niveau démographique, on conçoit la nécessité des échanges ! D'autant que les partenaires sociaux varient au cours de la journée et des saisons, et que les informations à transmettre ne seront pas les mêmes dans les colonies, les groupes alimentaires et les dortoirs.

"CAPACITÉS DE PERCEPTION"

"De nombreuses espèces d'oiseaux ont des dialectes, mais aucune n'atteint le niveau de sophistication de l'étourneau. Par ailleurs - et ce n'est pas un hasard -, ce dernier possède une vie sociale riche. Cette espèce constitue donc un modèle particulièrement intéressant pour étudier le lien entre communication vocale et vie sociale", explique Martine Hausberger. Chercheuse à l'unité mixte éthologie-évolution-écologie (CNRS - université Rennes-I), cette neuro-éthologiste sait tout ce que l'on peut savoir sur le chant de l'étourneau - un peu plus, même. Et elle le dit haut et clair : "Dans le domaine de la production vocale, il y a plus de rapprochements à faire entre cet oiseau et l'homme qu'entre l'homme et les autres primates."

"Les étonnantes capacités de perception et de catégorisation auditive de cette espèce trouvent leur origine dans son cerveau, où certains neurones sont spécialisés dans le traitement de sons complexes correspondant à des éléments-clés du chant. Mais cette spécialisation ne peut se développer normalement que si l'oiseau est élevé dans des conditions sociales satisfaisantes", poursuit-elle. Si l'on soumet de jeunes étourneaux à l'écoute du chant des adultes sans les laisser avoir de contacts directs avec eux, ils reproduiront des phrases mélodiquement plus pauvres que la normale. Et des jeunes élevés entre eux, sans avoir jamais entendu d'adultes, produiront un chant totalement aberrant. Preuve que la dimension sociale de l'espèce joue un rôle essentiel dans la mise en place de ses capacités vocales et dans le développement cérébral qui en permet l'expression.

L'étude d'individus normalement socialisés fournit, elle aussi, son lot de surprises. Ainsi, selon la thèse de doctorat en neuro-éthologie que soutiendra d'ici à la fin du mois Isabelle George, l'une des étudiantes de Martine Hausberger, tous les sons dédiés à la communication sociale ne seraient pas détectés par le même hémisphère cérébral.

Comme chez l'homme, il semble donc que le cerveau auditif du petit sturnidé soit latéralisé. Comme chez l'homme, l'hémisphère gauche traiterait plutôt les sons, l'hémisphère droit la prosodie.

La communication vocale de l'étourneau sansonnet a-t-elle évolué d'elle-même, permettant en retour une vie sociale complexe ? Ou bien a-t-elle évolué sous la pression des structures sociales qui l'ont précédée ?

Comme chez l'homme, pour qui l'origine des langues constitue un fascinant mystère, la question reste ouverte. Pour le moment.

Catherine Vincent

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Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : fx (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 09:23:48

Je ne suis pas certain que tout le monde s'émerveille sur l'étourneau sansonnet en particulier à proximité de ses dortoirs, sinon il n'y aurait pas de campagne d'effarouchement voire d'empoisonnement sur un oiseau essentiellement migrateur protégé en théorie au même titre que les anatidés, les turdidés, les limicoles et les colombidés par la fameuse directive "oiseaux" de 1979.

Comme quoi oiseau des villes et oiseaux des champs n'ont pas du tout le même statut, ni la même valeur.


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : Valéry (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 09:41:22

Dammage, car l'étourneau sansonnet est un oiseau génial. Il merite notre admiration. Mais quand une espèce nous semble aussi bien adaptée que nous, on est jaloux et le régule. Dommage que les pies, étourneau et autrex corneilles ne font pas pareil avec nous. Ce serait un juste équilibre.


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : fx (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 09:52:11

Valéry, cette espèce possède la particularité de n'être régulée qu'en ville! comme le pigeon biset domestique.

Elle est bien sûr chassable, à la vue des effectifs, je ne pense pas que cela te gène beaucoup.


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : Laurent (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 09:54:10

C'est un imitateur très fort. Pas autant, cependant, que la Rousserolle verderolle.


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : Valéry (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 09:57:40

Il y a aucun imitateur vraiment fort en Europe. Tu vas voir "Spotted Mourning-Thrush" en Tanzanie... tu penseras à moi quand elle chantera.


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : fx (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 10:02:48

Il a un langage très varié: sifflements (buse variable, parfois vanneau...), bruits de "pie" rauque,... etc etc


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : Laurent (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 10:06:13

Dans quel biotope ?
C'est un oiseau commun ?

Tu ne considère pas la verderolle comme une bonne imitatrice ? Je la trouve pourtant extraordinaire !


Re: L'étourneau sansonnet, virtuose de la sémantique | Le Monde

Envoyé par : Valéry (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 17 June 2003 10:21:12

En savane, très commune.

La Verderolle? Elle fais quelques phrases pas mal, mais l'espèce que je te cite peux imiter 1/4 d'heure le répertoire complet d'une autre espèce à si méprendre. Avec une Verderolle, on hésite quelque seconde seulement.



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