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Bonne LectureEnvoyé par : Alix (Adresse IP journalisée)
Date : Mon 16 February 2004 09:52:55
Dans "le monde", un article de Hervé Kempf, : "De nouveaux défis pour les sanctuaires de la nature" www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3244,36-352862,0.html La conférence de l'ONU sur la biodiversité, qui se tient à Kuala Lumpur (Malaisie) jusqu'au 21 février, doit adopter un programme de travail visant à améliorer la gestion des réserves où les espèces vivantes sont protégées. De nouvelles pistes seront abordées à cette occasion. La situation globale de la biodiversité ne cesse d'empirer. En témoigne le nombre des espèces qui est un des indicateurs les plus parlants pour décrire l'appauvrissement de la base biologique de la vie sur Terre. Selon le Livre rouge de l'Union internationale de conservation de la nature (UICN), 12 000 espèces de vertébrés sont menacées d'extinction. Les mammifères sont en première ligne : 24 % des espèces connues sont classées en danger. Pour tenter de les sauver, les aires protégées sont un instrument essentiel. L'UICN recense quelque 100 000 de ces zones, dans un rapport publié lors de la conférence de la convention sur la biodiversité, qui se tient jusqu'au 21 février à Kuala Lumpur (Malaisie). Les aires protégées constituent un des thèmes prioritaires de la conférence, qui devrait produire un "programme de travail" définissant la meilleure manière de les gérer au niveau mondial. Protéger les milieux oubliés. Rares sont les sous-marins scientifiques qui peuvent plonger à plus de mille mètres de profondeur : Nautile français, Alvin américain, Shinkai japonais, Mir russe... La manouvrabilité de ces appareils de plus de huit mètres de long n'est pas simple, d'autant que les courants dans les grands fonds océaniques peuvent être puissants. Si bien qu'il n'est pas rare que, quand l'Alvin ou le Nautile manouvrent entre les "sources hydrothermales" d'eau chaude jaillissant du cour de la terre, le long des dorsales océaniques, ils heurtent un de ces "geysers sous-marins" de plus de vingt mètres de haut et le cassent. Les scientifiques, surtout, raclent le sol alentour, ou échantillonnent sans délicatesse le milieu, endommageant ainsi un écosystème rare, découvert en 1977. Depuis, biologistes, géologues, écologues ont plongé des dizaines de fois à la découverte de cet univers fascinant - jusqu'à se rendre compte qu'ils le détérioraient parfois gravement. "On a vécu vingt années d'insouciance, dit Daniel Desbruyères, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer). Et puis on est arrivé à un point où nous nous sommes rendu compte qu'il fallait faire quelque chose." Le catalyseur de la prise de conscience a sans doute été l'arrivée des touristes, vers 1999, promenés à bord de Mir par les scientifiques russes, en manque de financement. Mais le pessimisme domine face à l'accroissement continu des recherches scientifiques, souvent concentrées sur les mêmes sites. Et, dans l'avenir, se profile l'exploitation minière de ces geysers profonds qui concentrent d'abondants sulfures métalliques. Il faut protéger ces sites, en urgence, avant qu'il ne soit trop tard. Bien d'autres écosystèmes ont été négligés par les créateurs des parcs et autres réserves : les grandes prairies d'Asie centrale ou d'Amérique, les lacs ou mers intérieures, les déserts froids, tel celui de Gobi, sont d'autres types écologiques oubliés alors qu'ils subissent des phénomènes de dégradation guère moins puissants que les forêts tropicales ou les zones montagneuses. Cette idée n'est cependant que l'un des nouveaux concepts qui animent les spécialistes des aires protégées. Se concentrer sur les "points chauds"? Le degré réel de conservation des espèces dans les aires protégées est souvent faible, en raison de la pression des populations et des demandes de développement économique. Depuis quelques années, des scientifiques, avec l'appui de la puissante association américaine Conservation International, ont développé la théorie des hot spots, ou points chauds : il s'agit de milieux abritant une biodiversité maximale (au moins 1 500 espèces de plantes endémiques, c'est-à-dire propres à cette zone) et ayant perdu 70 % de leur habitat naturel. Il conviendrait donc de sanctuariser ces 25 points chauds concentrant 44 % des espèces de plantes sur 1,4 % de la surface terrestre. Cette focalisation accepte implicitement un désengagement de zones moins spectaculaires - une stratégie contestée par une grande partie de la communauté conservationniste. Construire des réseaux de réserves ? Une idée émergente est de constituer des réseaux d'aires protégées, reliées par des couloirs bénéficiant d'une politique environnementale. Le "Corridor biologique méso-américain", lancé en 1997 par les pays d'Amérique centrale, est un premier test. Le succès dépendra de sa capacité à surmonter la contradiction entre préservation et développement, en l'occurrence la cohabitation avec le projet de développement Puebla-Panama Plan, établissant des infrastructures à travers la région. La biodiversité offre-t-elle des services marchands ? En donnant une valeur économique aux milieux menacés, on fournit une incitation aux politiques pour les protéger. Cette valeur est formalisée par des économistes, sous le terme de "services environnementaux" : maintien des sols, protection contre les inondations, recyclage du gaz carbonique, etc. Mais elle est contestée par une partie des écologistes : "Le concept de services environnementaux, écrit ainsi le World Rainforest Movement,permet de créer un cadre économique dans lequel (...) les aires protégées, les nappes phréatiques, le savoir indigène, les codes génétiques, etc., seraient privatisés par des méga-compagnies." Comment inclure les populations locales ? La création de parcs ou de réserves s'est d'abord faite en excluant les populations locales, à qui était dénié l'usage traditionnel de ces zones. Cette approche, injuste en soi, conduit de surcroît à l'échec de la préservation des sites, voire à des conflits allant jusqu'à la violence physique. La nécessité d'associer les autochtones s'est donc imposée, avec la recherche de méthodes permettant un usage durable des produits de la réserve. Quel effet aura le changement climatique ? La façon dont il affectera les aires protégées est une source croissante d'inquiétude. La variation des températures devrait entraîner des migrations de faune et de flore en dehors des limites de ces zones. "Peut-être devra-t-on modifier le dessin des aires protégées, dit Pedro Rosabal, de l'UICN, ne plus les considérer comme une donnée statique." Hervé Kempf Artucle complémentaire : La faune et la flore françaises menacées La France "n'échappe pas à la perte de biodiversité constatée au niveau mondial", a déclaré, mardi 10 février, Roselyne Bachelot, ministre de l'écologie, à l'occasion du 150e anniversaire de la Société nationale de protection de la nature (SNPN). "En métropole, 10 % de notre flore, soit près de 490 espèces, sont en sursis", a-t-elle estimé. "Parmi les vertébrés, 19 % ont disparu ou sont en péril ; 35 % des espèces de mammifères sont considérées comme en danger ou vulnérables ainsi que 18 % des oiseaux nichant sur notre territoire. Et 50 % de nos zones humides -marais, marécages, lagunes- ont été détruites dans les trois dernières décennies", a déploré la ministre. Outre-mer, l'insularité, favorable au développement d'espèces locales, "est également facteur de fragilité", a-t-elle poursuivi, notant que 30 % des espèces de mollusques disparues depuis quatre cents ans dans le monde vivaient dans les DOM-TOM. La ministre se rendra les 18 et 19 février à la conférence sur la biodiversité de Kuala Lumpur. Elle compte présenter en juin une réforme de la loi sur les parcs nationaux s'inscrivant dans une stratégie nationale sur la biodiversité. Options : Repondre à ce message | Citer ce Message
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