Généralités et Environnement

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Les crevettes détruisent les mangroves ...

Envoyé par : Richard Treillat (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 22 October 2002 15:04:17

Bonjour,

Lu dans le Monde.fr du 22/10 :

Les ravages de la crevette
La crevette va-t-elle participer à la destruction de la planète ? A la lecture d'un récent article de The Independent de Londres, intitulé "Le vrai prix d'un sandwich", il est permis de le penser. On y apprend qu'afin de satisfaire le goût immodéré des Nord-Américains et des Japonais, notamment, pour l'aimable crustacé, il est devenu nécessaire d'en pratiquer l'élevage.

Les "fermes à crevettes" ont ainsi grignoté les régions côtières des pays tropicaux - du Bangladesh au Mexique, en passant par le Sénégal ou le Vietnam -, où l'on pratique un élevage intensif dans des cages flottantes. 700 000 tonnes de crevettes, de la "black tiger", grande aux yeux bruns, à la "blanche ou reine des crevettes", partent ainsi pour les bars à sushis ou autres lieux "all you can eat" (mangez à satiété ?). Aux Etats-Unis, la chaîne Red Lobster (Homard rouge) vend ainsi 5 % de la production mondiale de crevettes d'élevage, elle-même multipliée par 9 en vingt ans.

Mais les crevettivores savent-ils que l'objet de leur désir signifie destruction de forêts, érosion des côtes et déplacements de populations ? Les belles grandissent en effet dans les mangroves, ces forêts marines longeant les littoraux aux eaux chaudes, où règnent les palétuviers, de grands arbres aux racines aériennes qui assurent la protection des côtes contre l'érosion… et les ouragans. Or ces refuges de nombreuses espèces animales qui aiment y pondre doivent être défrichés pour faire place aux fermes marines. Les mangroves, déjà largement exploitées par les habitants pour le bois de construction et de chauffage, vivent ainsi ce nouvel avatar : devenir des bassins à crevettes.

En Thaïlande, 65 000 hectares de forêts des mers ont ainsi été détruites. Dans les années 1980, la Banque mondiale avait financé un projet de ferme au Bangladesh qui permit aux seuls propriétaires fonciers de réaliser des profits rapides. Une fois les terres côtières louées, il ne restait plus aux métayers qu'à s'expatrier en ville, ou à travailler pour la ferme contre un maigre salaire. Selon Greenpeace, l'Etat de l'Andhra Pradesh, en Inde, a vu ainsi le déplacement de centaines de milliers de villageois, avec émeutes à la clé.

Mais tout n'est pas rose non plus pour les crustacés : loin de sautiller comme des chèvres (d'où elles tirent leur nom par analogie du mouvement), les crevettes, à l'étroit dans leurs cages baignant dans une eau souvent peu filtrée où les déchets alimentaires en suspension le disputent aux excréments, sont victimes du syndrome de Taura, du nom d'une région de l'Equateur où il apparut voilà dix ans : leur carapace se ramollit alors telle une montre de Dali. Les antibiotiques utilisés pour le traitement ajoutent leur touche chimique au tableau.

Si au Sommet de la Terre, à Johannesburg, un accord est né sur la nécessité de ralentir la pêche, d'ici à 2015, pour préserver les ressources, on peut supposer que les fermes marines devront prendre le relais. Le monde à la sauce crevette aurait alors un goût bien amer.

Martine Rousseau

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