Identification et Taxonomie

Abordez dans ce forum tous les sujets relatifs à l'identification et/ou la taxonomie (notions d'espèce, de sous-espèce, de taxon, etc.) des oiseaux.

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Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sat 11 September 2004 16:40:21

Je vous fais part de la réponse que m'a faite M.Marion, éminent scientifique, responsable à la réserve de Grand-Lieu.
A lire avec la plus grande attention, surtout toi, ASH... Et ensuite, on en rediscute si tu le veux. Objectivement.

Bonjour Monsieur,
Je suis ornithologue amateur et je me pose diverses questions, en particulier sur les espèces férales tel que l'ibis sacré.
J'aimerais savoir s'il y existe des publications, si possible accessibles sur le web, concernant l'impact de l'ibis sacré sur l'avifaune française. Un exemple de prédation de deux ibis sacrés sur les oeufs et les poussins d'une colonie de sternes caugek, réduisant à néant leur saison de reproduction, est souvent cité dans plusieurs sites d'ornithologie et déclenche de vives passions.
Cela pourrait-il faire craindre la généralisation d'un tel comportement et faire craindre le pire pour plusieurs espèces d'oiseaux, dont la rare sterne de Dougall? Ou cela reste-t'il un comportement exceptionnel?
J'aimerai savoir s'il est exact d'affirmer que la colonie de reproduction déjà existante à Grand-Lieu d'ibis sacrés a favorisé l'installation de colonies de reproduction de spatules blanches, d'où la mise en place de colonies mixtes ibis-spatules, mais aussi avec des ardéidés?
La niche écologique qu'occupe l'ibis sacré est ou était celle d'une autre espèce? ou était-ce une niche écologique vacante et, si occupée, l'impact sur les autres niches écologiques sera-t'il lourd de conséquences?
Sinon, quel serait l'avenir en France de cette population férale? Parle-t'on actuellement d'éradiction, de limitation ou de protection?
Vous remerciant vivement d'avance pour toutes les réponses que vous voudrez bien me donner.

Bonjour,

Excusez-moi pour le retard avec lequel je réponds à votre demande, mais la rentrée est particulièrement encombrée!
Il n'y a pas de publications répondant à votre question et qui soit accessible sur le net. J'ai publié un article sur la nidification de l'Ibis sacré à Grand-Lieu dans Alauda (MARION, L. & MARION, P. 1994- Première installation spontanée d'une colonie d'Ibis sacré Threskhiornis aethiopicus au lac de Grand-Lieu. Données préliminaires sur la production en jeunes et sur le régime alimentaire. Alauda 62 : 275-280), et j'ai traité du problème assez brièvement dans un ouvrage sur le lac de Grand-Lieu (MARION, L. 1999  Le Lac de Grand-Lieu, un joyau tropical à préserver. SNPN, Paris : 64 p.).
Depuis plus de 12 ans, je "fréquente" assidûment cette espèce lors de mon travail sur l'écologie des ardéidés et des spatules, notamment à l'occasion du baguage coloré que j'effectue tous les ans dans le cadre d'un suivi de la dynamique de population de ces espèces. Je visite donc régulièrement toutes les colonies actuellement existantes (Grand-Lieu, Brière, Golfe du Morbihan) et bien entendu j'observe lorsque j'en ai l'occasion ces oiseaux sur les zones alimentaires. Les très nombreuses observations d'oiseaux bagués me donnent aussi l'occasion d'obtenir des centaines de témoignages d'ornithologues. Je crois donc être bien placé pour avoir un jugement équilibré sur cette espèce.
Pendant toutes ces années, je n'ai jamais constaté la moindre prédation dans les colonies mixtes fréquentées par les ibis. Au contraire, cette espèce très proche en comportement et en vocalisation de la spatule blanche exerce une véritable attractivité sur celle-ci, et son comportement social et paisible (notamment son caractère peu farouche par rapport à l'homme) contribue a stabiliser les spatules (j'ai même observé un épouillage d'une spatule par un ibis. Les nids d'ibis sont parfois à quelques centimètres de ceux de petits ardéidés (garde boeufs, aigrette garzette, crabier, bihoreaux), ils pourraient donc aisément les piller, ce qui n'est pas le cas. Sur les zones alimentaires (et d'après mes contrôles de régurgitats nourriture sur les colonies), cette espèce se nourrit à Grand-Lieu en grande partie de larves de taons (il occupe à ce titre une niche vacante en France) et de déchets de décharges (comme la Cigogne), secondairement d'insectes aquatiques. Un de mes étudiants a observé une fois la capture d'une grenouille. J'ai également vu les ibis fréquenter les décharges de poissons chats. En Brière, l'espèce s'alimente essentiellement d'écrevisses de Louisiane (et probablement de déchets prélevés sur une décharge proche). Dans le golfe du morbihan, elle s'alimente sur les estrans (crabes, coquillages?). Les témoignages d'observateurs d'oiseaux bagués m'ont rapporté un cas de prédation sur des tritons, et de nombreux cas de prédations d'insectes aquatiques sur les prairies marécageuses. Pour conclure sur l'aspect "niche alimentaire", l'ibis me semble donc occuper une niche largement vacante lorsqu'il utilise son bec innervé pour capturer des proies enfouies dans la vase. Lorsqu'il capture des insectes sur les prairies inondées, il prélève une nourriture abondante, que relativement peu d'oiseaux prélèvent d'ailleurs. Sa prédation quasi exclusive d'écrevisses américaines en Brière ne peut qu'être positive, même s'il rentre ainsi en concurrence avec les hérons cendrés et les spatules (voire les grands cormorans), qui se sont tous mis à capturer cette proie pléthorique.
Je n'ai eu connaissance que de deux cas problématiques pour d'autres oiseaux : une bande d'ibis progressant sur des marais en Brière à la recherche d'insectes aquatiques a traversé une colonie de guifette moustac dont les nids étaient fragiles et a ainsi provoqué une certaine perturbation (mais la colonie était vouée à l'échec avec un niveau d'eau très bas et un assèchement en cours de reproduction). Il y a eu une rumeur qui a enflé et qui s'est transformé en "prédation" de la colonie de guifette. L'observateur que j'ai interrogé m'a confirmé qu'il n'y avait eu aucune prédation observée  sur les oeufs ou poussins des guifettes. Un tel dérangement indirect d'une colonie de guifettes a aussi été observé à Grand-Lieu de la part d'une bande de cormorans pêchant collectivement et qui ont bousculé des nids.
Le deuxième cas est celui de Noirmoutier cet été, de la part de 2 ibis. L'observation est sérieuse et constitue le premier cas depuis 12 ans de présence des ibis. Des prédations de la part d'individus particuliers (il s'agit ici de 2 ibis seulement) sont connues chez tous les prédateurs. Personnellement, j'observe chaque année dans les régimes de hérons cendrés de jeunes foulques, et même une année une échasse et un jeune chevalier gambette. Je connaissais trois hérons spécialisés sur des jeunes canards de l'élevage de colverts du propriétaire des terrains de la réserve de Grand-Lieu (le parfumeur Guerlain). Est-ce suffisant pour décréter que le héron cendré est un prédateur de ces oiseaux et mérite d'être combattu?
Dans le cas de Noirmoutier, j'ignore combien de nids ont été détruits et quelle était la taille de la colonie de sternes. Même si je comprend la réaction indignée de M. Vaslin, je pense qu'on a affaire ici à une opportunité de prédation dans un milieu qui n'offre pas beaucoup de ressources alimentaires. Des prédations d'oeufs ont déjà été décrite chez cette espèce en Afrique.
Un autre reproche a été formulé dans le Morbihan, celui de prendre la place des aigrettes garzettes voire des hérons cendrés. Il s'agit d'un argument largement exagéré, né d'une coincidence d'abandon d'une colonie déjà sur le déclin (les arbres étaient morts depuis longtemps) et qui s'est déplacée ailleurs. L'Ibis a depuis déserté lui-même cette colonie pour former une nouvelle colonie mixte avec des aigrettes garzettes.
Dans le Morbihan, certains ornithologues ont fait pression sur la préfecture pour que le parc de Branféré éjointe ses ibis, ce qui partait d'un bon sentiment. C'est cette opération très perturbante (capture des adultes par drogue ou cages, nombreux morts accidentelles, privation du vol) qui a "cassé" le contexte social de cette colonie, entraînant l'arrêt de la reproduction et la fuite des oiseaux vers Grand-Lieu et le Golfe pour s'y réfugier et établir leurs colonies.
Il n'y a pas eu de programme d'éradication ailleurs. Si quelques ornithologues s'émeuvent (généralement par principe) contre cette espèce férale, il faut aussi prendre en compte l'extraodinaire attrait qu'exerce cette espèce relativement menacée à l'échelle mondiale (et qui a disparu d'Egypte depuis des décennies) sur une majorité d'ornithologues et sur le grand public en général. Les bird-watchers anglais connaissent même Grand-Lieu ou la Brière comme site remarquable "où il y a des ibis sacrés", au même titre que les spatules! Organiser des expéditions de destruction dans des colonies très fragiles d'ardéidés et de spatules serait à mon sens très risqué. Je regrette bien sûr que cette espèce ait pu être importée en France. Mais écologiquement, nous sommes exactement dans le cas d'autres espèces invasives comme le cormoran ou le garde boeuf, voire même l'aigrette garzette, ces deux espèces africaines n'étant présentes en Europe que depuis le XXème siècle. L'ibis aurait très bien pu arriver seul : comment aurions-nous alors réagi? Objectivement, en terme de risques, je pense que très peu d'oiseaux (contrairement aux mammifères) peuvent s'avérer "nuisibles", exceptés sur des îles à faune endémique (nous ne sommes pas dans ce cas en Europe).
L'ibis pullulera-t-il? Je ne le pense pas non plus. Sa population certes croît, mais elle reste depuis 12 ans cantonnée à la Bretagne méridionale, curieusement sans vraiment déborder vers le nord ou le sud alors que les milieux y sont favorables. Ce cantonnement est très étonnant compte tenu du caractère très vagabond de l'espèce, qui n'est pas fidèle à ses colonies ou ses dortoirs (les oiseaux que je marque font des voyages continuels entre la Loire atlantique et le morbihan). Je pense même que l'espèce peut décliner fortement dans les prochaines années, avec l'interdiction des décharges à ciel ouvert à partir de 2006. On aurait alors affaire à des de petites populations, qui auraien du mal à ne nourrir en hiver.
Pour conclure, au moment ou nous avons, en tant que protecteurs de l'environnement, beaucoup de mal à faire accepter auprès de différents usagers (chasseurs, pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, élus) une approche équilibrée de la prédation (cf. oiseaux piscivores,  mustélidés, lynx, loup...),  je souhaiterai que les ornithologues soient plus cisconspects avant de déclarer la guerre à telle espèce. Sinon, comment reprocher aux chasseurs de vouloir éradiquer toutes les espèce qu'ils considèrent comme nuisibles, au prétexte qu'elles se nourrissent en partie de gibier, si nous faisons de même en tant qu'ornithologues en voulant éradiquer par principe une espèce qui peut, dans peut-être 1% des cas voire moins, commettre des prédations sur d'autres oiseaux? Pour ma part, je pense qu'on doit analyser objectivement l'impact réel d'une espèce, avec une marge de tolérance (qu'on accepte bien chez les espèces autochtones, mais qu'est ce qu'une espèce autochtone à l'échelle de siècles ou millénaires?) , avant de décréter sa condamnation si réellement elle pose problème.
Le fait que vous m'ayiez posé vos questions montre que vous partagez vraisemblablement vous-mêmes ce souci d'objectivité.
Salutations distinguées,
Loïc Marion

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Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : ASH (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 12 September 2004 11:37:07

Merci VB, le mail du gestionnaire de Grandlieu est plus qu'intéressant, et je crois que c'est le mieux placé en France pour évoquer les connaissances actuelles au sujet de l'Ibis sacré. Après lecture je partage son point de vue sur la mise en place objective d'une étude d'mpact concernant l'Ibis sacré sur la faune du Grand Ouest en général. Par contre, ce qui m'étonne, c'est qu'il évoque une situation stable au niveau de l'aire de nidif de l'espèce, alors qu'elle a été observée dans l'Aude, en Vendée, au Pays de Galles... au cours des dernières années. La réponse de Marion temporise mon propos au sujet d'une éradication brutale de l'éspèce en France. Le comble réside toutefois dans l'origine de "l'évasion" de Branféré, due à des ornithos !!

ASH


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 12 September 2004 14:07:55

C'est vrai, Ash, et surtout grâce à un ornitho que nous connaissons tous, qui a été président de la LPO et qui avait fourni les premiers ibis sacrés à Branféré: Antoine Reille.
Les sacrés de l'Aude ont une autre origine: le zoo de Sigean. il y en a qui viennent de Villars-Les-Dombes. Par ailleurs, divers parcs hollandais, Allemands, Britanniques ont eux aussi mis des ibis sacrés en vol libre.
Il sembleraient que seule la population issue de Branféré ait le mieux réussi sa "féralisation" et que la population issue de Sigean (expérience volontaire!) est sur la bonne voie de cette "féralisation".
Heureux que tu fasses partie de ceux qui sachent temporiser leur point de vue, car c'est une qualité bien rare, surtout sur ces forums.


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : kévin (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 September 2004 15:26:05

Très intéréssant ton message!
Je connais aussi un jardin d'oiseaux en Drôme ou les ibis sont en vol libre mais ils ne semble pas qu'il partent.


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 September 2004 15:33:15

L'expérience n'est pas unique et a été tentée avec d'autres espèces d'oiseaux avec plus ou moins de succès...


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : Kévin (Adresse IP journalisée)
Date : Sat 18 September 2004 21:25:24

Tu connais quoi comme autres espèces pour les quelles ça a aussi été fait et pour lesquelles ça a marché?


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sat 18 September 2004 22:26:29

Capucin bec-de-plomb: établi dans quelques villes du Sud de la France.
Cigogne blanche: pas vraiment exotique mais ça marche à peu près partout, mais la question que je me pose : quelle était sa véritable aire de nidification originelle en France? Etait-elle seulement limitée à l'est?
Bobwhite: en corse.
Faisan vénéré: petites populations autonomes ça et là;
Faisan doré et de Lady Amherst établis en grande-bretagne dans queques forêts.
inséparables de fisher: dans quelques endroits du Midi.
Perruche à Collier: gagne de plus en plus du terrain en GB, Hollande, Belgique, France...
Et il y en a d'autres. Vous pouvez continuer la liste...


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 21 September 2004 22:11:39

Voilà. le débat peut être relancé si ça intéresse...


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : Matthieu (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 5 October 2004 19:32:56

Salut,

Quelques lignes sur les différentes réflexions abordées sur ce forum.
Je suis gestionnaire d'une réserve naturelle, outils de l'état pour la gestion et de préservation de la biodiversité. Nous avons donc une délégation de service public cadrée par un plan de gestion et des objectifs. Ces objectifs sont atteint avec du travail et des financements (publics en partie). Je vois mal ces investissements anéantis par l'introduction d'une espèce éxotique comme l'Ibis.
Bien évidemment l'Ibis sacré ne doit surtout pas devenir un bouc émissaire ni la source de polémiques inutiles.
Néanmoins, le constat effectué sur Noirmoutier et en Brière et sur Grand-lieu (prédation sur des colonies de Guifettes noires) doit nous faire tirer la sirène d'alarme (un article sur ce sujet sera publié dans un prochain numéro d'Ornithos).
L'Ibis sacré n'est certes pas "LA" cause de disparition de la biodiversité, mais est à la vue des cas de prédation, un des facteurs aggravant ou entravant gravement des efforts de conservation. L'Ibis sacré ne fait pas partie de notre avifaune, et la population férale installée en basse Bretagne atteint un dynamisme inquiétant, depuis 2002, les stationnements d’Ibis (croissants en effectifs) observés au sud de la Loire se prolongent de plus en plus vers la période prénuptiale (jusqu’en mai) et leur retour est de plus en plus précoce en post-nuptial. De ce fait, les cas de prédations risquent malheureusement de s'amplifier, notamment quand on connaît le caractère des Ibis sacrés. Dans ses milieux d’origine (Afrique sud-tropicale) l’ibis est connu pour son opportunisme et sa prédation sur des nichées d’autres espèces d'oiseaux : Ardéidés, laro-limicoles...ce qu’il commence à démontrer chez nous. De plus d’autres petites populations sont installées ailleurs en France, dans l’Aude, l’Ain, les Bouches du Rhône…On a surtout pas besoin de ce facteur aggravant dans la gestion et la conservation des oiseaux. Je partage néanmoins une partie des propos évoqué par Loïc, dans son aspect philosophique, mais comme technicien de protection de la nature, j'y vois aussi des limites.
Je rappellerais quand même que l'introduction d'espèces non autochtones (allochtones) est la deuxième cause mondiale de disparition de la biodiversité !!!
La France possède son identité écologique (même si elle est gravement menacée), nous ne pouvons pas voir nos efforts pour la préserver menacés par l’introduction (volontaire celle-là) d’espèces allochtones, d’autant plus que nous avons des dizaines d’exemples des dégâts que cela provoque (Erismature rousse, Ragondin, Rat musqué, Vison d’Amérique, Ecrevisse de Louisiane, Jussie, Baccharis…etc).
C’est pour tout cela, même si ce n’est pas notre combat principal (loin s’en faut) que nous allons tout mettre en place pour solutionner ce problème. Même si les fins ne sont pas plaisantes, il faut en arriver là si on ne veut pas passer plus de temps à lutter contre les espèces invasives plutôt qu’a des actions concrètes de gestion et de conservation.
Reste aussi à mettre en place un lobbing, pour éviter que par la suite on ai encore le même genre de problème (les Parcs animaliers, Jardineries…ont aussi leur part de responsabilité).
Enfin la France a pris des engagements devant l'Europe pour la protection et la conservation de la biodiversité. Dans les mesures listées et actées, l'une d'elle consiste à lutter contre les espèces invasives, sans attendre d'avoir forcément des impacts (principe de précaution).

Très sincèrement


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : ASH (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 5 October 2004 19:51:07

Tout à fait d'accord, mais un solutionnement brutal du problème pourrait engendrer des collatéraux bien plus grave sur d'autres espèces. Un tir hivernal serait par ailleurs inefficace. Une solution viable et sans stress pour les milieux à proximité immédiate semble pour l'instant hors de portée et demande au moins la mise en place d'une cellule de concertation.

ASH


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : Matthieu (Adresse IP journalisée)
Date : Tue 5 October 2004 19:54:18

La cellule est mise en place...
Il est bien entendu hors de question d'intervenir sur les dortoirs et colonies... Mais l'Ibis se nourrit beaucoup et de manière concentré sur les décharges... !!

Matthieu


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : Julien (Adresse IP journalisée)
Date : Wed 6 October 2004 15:33:08

Bonjour,
Je trouve votre discussion vraiment interressante.
Je suis ornitho amateur et etudiant en BTS GPN. Je viens de Bordeaux mais je travail au niveau du Golfe du Morbihan depuis le début de l'année et je suis surpris de voir autant d'Ibis Sacre dans la région.

J'ai entendu, mais pas observé, que les ibis prédataient les oeufs de Caugek, bref je me suis posé plein de questions.

J'en ai parlé avec le gestionnaire de la reserve biologique de Pen en Toul et il m'a répondu à peu près : On s'en occupera lorsqu'il sera trop tard comme toujours.

Alors bien evidemment les propos de L. Marion sont très justes mais je suis plus d'accord avec les propos de Matthieu qui prefère mettre en place de la prévention.
Après tout ce n'est pas parceque une espèce attire du monde qu'on doit la garder chez nous.


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : ASH (Adresse IP journalisée)
Date : Wed 6 October 2004 15:48:04

Non, mais précipiter les solutions (même dans le cadre du principe de précaution) est souvent la cause d'une aggravation des problèmes (prend simplement l'exemple de l'origine de la population d'Ibis de Bretagne).

ASH


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : saliou jean-pierre (Adresse IP journalisée)
Date : Wed 6 October 2004 15:50:56

Je rebondis sur le courrier de Loîc Marion concernant l'évolution de
la population d'ibis sacrés dans le sud bretagne.

Il semble que la Brière soit le site où la reproduction de cet oiseau
exogène soit la plus importante.

Cependant, je partage l'avis qu'il émet dans son courrier, à savoir
l'impact sur les populations reproductrices locales me semble très
faible, voir nul.

Le seul point inquiétant pourrait être la forte expansion de sa population
dans des zones humides limitées en surface, liée à son opportunisme
alimentaire.

En Brière, j'ai eu l'occasion de découvrir le site de nidification de cet
oiseau au printemps. La colonie importante a échoué et ce sans que l'on
puisse identifier formellement la cause de cet échec.

Voir à ce sujet mon compte rendu de ces visites:

[perso.club-internet.fr]

Bonne visite

J.P Saliou


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 8 October 2004 23:00:36

Très bien, ton site! Une suggestion, si tu le permets: ne pourrais-tu pas incorporer une recherche par nom d'oiseau, article, etc?
Tes informations sont très intéressantes...
Je reviens de loire-atlantique, où j'ai eu l'occasion d'observer des oiseaux dans les marais salants de Guérande: beaucoup d'aigrettes garzettes et d'ibis sacrés, une spatule blanche, des hérons cendrés, des limicoles, des laridés, des pouillots, etc...

Je partage entièrement l'avis de M.Marion (qui, je le rappelle, a eu la très grande gentillesse de répondre à mon mail, malgré ses occupations prenantes: voir premier message de ce post).

Quant aux réserves émises par Matthieu, je les partage dans une certaine mesure. En effet, je suis passé à la réserve ornithologique du Teich, en Baie d'Arcachon et j'ai vu l'un des professeurs ornithologues qui travaillent sur place qui m'a donné quelques informations intéressante: il semblerait que tous les "écarts" de régime alimentaire de la plupart des espèces dites opportunistes (opportunistes, mais ont tout de même un régime alimentaire auquel elles sont le mieux adaptées) soient le fait de jeunes oiseaux, qui éprouvent certaines difficultés à se nourrir correctement. Il m'a relaté des dizaines de cas observés par lui-même comme par ses collègues, tous se référants à des immatures: ibis bien sûr, milans noirs, busards des roseaux, hérons cendrés, goélands (j'y ai vu une prédation réussie d'un adulte Leucophée sur des pigeons bisets, par approche douce. Malheureusement pas de photo. Fx va pas aimer, cet ardent défenseur de pigeons des villes!), cormoran (un jeune a été vu à quelques reprises avaler des jeunes colverts de taille sarcelle!!!), etc... etc... Aucun adulte n'a été ou très rarement observé faisant des "écarts"... Ce professeur, comme son collègue M.Marion, ne croit pas du tout que l'Ibis représente un réel danger pour la biodiversité française.
Il faut se garder de se baser sur 2-3 cas isolés pour affirmer que l'ibis commence à démontrer un mauvais impact. Ce n'est tout de même pas un rapace. Le goéland, le cormoran, le milan ont un impact plus violent que celui de l'ibis. Sachons raisonner comme il le faut...


Re: Ibis Sacré: la suite de la discussion.

Envoyé par : saliou Jean-Pierre (Adresse IP journalisée)
Date : Sat 9 October 2004 10:19:21

Sur cette analyse, je suis assez bien la démarche, cependant, je serais
plus circonspect sur l'expansion des corvidés dans les zones humides
en voie d'assèchement et conquète par les ligneux, (aulnes glutineux
bouleaux etc). Nous connaissons bien ce phénomène dans l'e'stuaire de
la Seine, et l'évolution des populations de corneilles et pies est sans doute
en lien direct avec la prédation des nidifications de bûtors étoilés.

Un programme life est actuellement en cours et les résultats démontrent
que la prédation s'intensifie chaque année. ( 2004 sur 10 nids suivis, 10 ont été prédatés) Afin de déterminer la source de cette prédation, de faux
nids contenant des oeufs parafinés ont été installés. Le résultat est édifiant
prédation analysée par le labo de la tour du Vallat sur la forme d'attaque.
100% par les corvidés.

A titre personnel, je suis cette population de bautorus depuis plus de 20 ans. Jamais, je n'ai constaté antérieurement une telle prédation sur les nids suivis.

Cette situation est confirmée par les chiffres de la campagne annuelle
de recensement des mâles chanteurs. Nous sommes passés de plus de
26 mâles recensés en 2001 à 22 en 2004.

Lorsqu'une nichée échoue, le bûtor, pourtant si territorial que l'on peut retouver son nid d'année en année dans un cercle de 200 m environ
s'expartie facilement à la saison suivante.

Les prédations sont le fait de la nature et il est difficile de faire la part
entre la norme et l'exception. L'animal ne se laisse pas si facilement
enfermer dans une logique de comportement.

Le combat pour la vie est source d'évolution et le besoin est source
de comportements nouveaux. Depuis Darwin, on le sait bien...

J.P Saliou


Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sat 9 October 2004 17:52:05

Si les corvidés sont de plus edn plus abondants, c'est que leurs prédateurs se sont raréfiés (pesticides, chasse, etc...).
Parmi les prédateurs naturels des corvidés, étaient certains rapaces tels que le faucon pèlerin et l'autour des palombes.
Serait-il envisageable de faire des essais d'implantation de couples de ces rapaces dans les zones où les corvidés posent des problèmes sérieux aux zones de reproduction des butors et autres oiseaux?
Le risque, bien évidemment, qu'un bébé butor se fasse attrapper par un faucon ou un autour, à la place d'une corneille, mais plusieurs amis fauconniers m'ont assurés que les rapaces ne prédataient que les proies auxquelles ils ont été habitués à chasser, ils sont peu opportuniste et plutôt spécialisés, surtout si on les y aide. Par exemple, un buse de Harris dressée à chasser le lapin et seulement le lapin ne voudra pas s'élancer pour attrapper un chat...
Pourrait-on imaginer implanter en zone à butor des faucons pélerins (de sous-espèce européenne) nés en captivité, habitué au préalable à se nourrir de corvidés? Certains me diront que c'est de la science fiction... Mais je connais des cas où des fauconniers mènent avec succès des campagnes d'effarouchement de corvidés afin de protéger des reproductions d'anatidés, à l'aide d'un tiercelet sacre/gerfaut (hybride courant en fauconnerie)...
Alors, qu'en pensez-vous?


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : saliou Jean-Pierre (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 10 October 2004 08:28:07

Les faucons pélerins sont actuellement présents et nicheurs sur la zone
dans les falaises au norddel'estuaire et sur les maritmes de la
haute normandie.

Cette population en extension chaque année ne semble pas avoir d'impact
sur celle des corvidés. A titre d'exemple, j'ai suivi une aire en falaise à
moins de 20 m de laquelle nichent plusicouples de choucas. Tout ce beau
monde s'entend à merveille.

Enfin, compte tenu de l'étendue du territoire d'un couple de pélerins, la
prédation de ce dernier est insignifiante sur la population locale de
corvidés qu'elle recouvre.

J.P S


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 10 October 2004 12:36:16

Y-a t'il une étude faite sur les proies de prédilection de ces faucons pélerins?


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : saliou Jean-Pierre (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 10 October 2004 14:17:20

Bonne question, il y a probablement des études faites sur ce sujet.
Je pense cependant qu'elles sont forcément limitées.
En effet, elles sont limitées à l'étude d'une population locale ou même
ce qui est plus facile d'un couple durant la période de nidification.

Encore une fois, la nature ne se laisse pas facilement enfermer dans
une systématique. Chaque individu réagit à son environnement.

Proies potentielles et prédateurs sont en interaction permanente
et la faculté d'apprendre n'est pas un monopole humain.

Chez les oiseaux, comme chez tous les prédateurs, la spécialisation est
plus facteur d'individu que d'espèce.

C'est pourquoi il faut se démarquer des règles toutes faites par des
observateurs omniscients qui prétendent détenir la vérité.

Pour ma part, je ne prétends qu'à ce que me permettent mes observations, pour le reste, je relativise.

Désolé de ne pouvoir faire mieux dans ce domaine.

J.P Saliou


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : saliou Jean-Pierre (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 10 October 2004 14:17:37

Bonne question, il y a probablement des études faites sur ce sujet.
Je pense cependant qu'elles sont forcément limitées.
En effet, elles sont limitées à l'étude d'une population locale ou même
ce qui est plus facile d'un couple durant la période de nidification.

Encore une fois, la nature ne se laisse pas facilement enfermer dans
une systématique. Chaque individu réagit à son environnement.

Proies potentielles et prédateurs sont en interaction permanente
et la faculté d'apprendre n'est pas un monopole humain.

Chez les oiseaux, comme chez tous les prédateurs, la spécialisation est
plus facteur d'individu que d'espèce.

C'est pourquoi il faut se démarquer des règles toutes faites par des
observateurs omniscients qui prétendent détenir la vérité.

Pour ma part, je ne prétends qu'à ce que me permettent mes observations, pour le reste, je relativise.

Désolé de ne pouvoir faire mieux dans ce domaine.

J.P Saliou


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 10 October 2004 14:37:11

Je vous remercie beaucoup pour votre réponse, qui est très objective. Ce qui est assez rare sur ce forum.
Encore merci.


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Sun 10 October 2004 14:45:37

Je voudrais poser une autre question, en ce qui concerne l'ibis sacré:
il est reconnu comme féral en France, se reproduisant régulièrement, mais cette reconnaissance, liée à sa mention dans plusieurs guides réputés et listes d'oiseau ne suffit-elle pas à l'admettre parmi les espèces de l'avifaune Française, au même titre que le cygne tuberculé, le faisan, le garde-boeufs, la garzette?


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : JPS (Adresse IP journalisée)
Date : Mon 11 October 2004 06:25:57

Une nuance est à apporter dans ce domaine.

En effet, le cygne tuberculé, le héron garde boeufs, l'aigrette garzette,
sont des espèces qui sont apparues "naturellement" sur notre territoire

Ce n'est pas le cas pour le faisan qui a été importé d'asie par l'homme.

Chaque acclimatation volontaire par l'homme est source de risque. En effet
autant une espèce peut trouver un nouveau biotope adapté à sa survie
lors des évolutions climatiques notammant ou à cause de la destruction de
son habitat actuel, autant l'implantation artificielle d'une espèce,
si elle réussit, par la contrainte qu'elle impose à cette dernière est de
nature à modifier profondément son comportement afin de s'insérer dans
un biotope auquel elle n'est pas adaptée. Les conséquences par rapport
à la faune endogène peuvent être désastreuses.

J.P Saliou


Re: Les prédateurs des corvidés

Envoyé par : VB (Adresse IP journalisée)
Date : Mon 11 October 2004 16:19:42

Je voudrais tout de même qu'on m'assure qu'une apparition "naturelle" n'est jamais source de risques, de désastres: évoquons simplement les problèmes dus aux cormorans, aux goélands, aux corvidés (déjà présents mais expansion "naturelle")...
Concernant le cygne tuberculé, il est notoire qu'il s'agit, en France et en Angleterre (dès le Xième siècle!), d'une très ancienne espèce férale. Son aire de répartition d'origine est la scandinavie et l'europe orientale. Son intérêt est hautement décoratif, il aurait été introduit en France, en angleterre, et ailleurs, par des seigneurs, des rois qui voulaient agrémenter leurs plans d'eau. il est devenu très abondant partout en Europe grâce à l'homme. Le cygne marque une nette expansion depuis les années 70.



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