Où voir des oiseaux dans le Zwin et alentours ?

Envoyé par : Robert Frantillon (Adresse IP journalisée)

Date : Wed 6 August 2003 14:57:14

Bonjour,

Je me permet de transmettre ici l'excellent article sur le Zwin publié sur le site www.deputter.com :

La réserve naturelle du Zwin située dans le Nord-Est de la Flandre Occidentale se veut la doyenne non seulement des réserves côtières mais de la plupart des réserves naturelles sur le territoire flamand. Cette renommée est en grande partie due à son fondateur, écologiste avant la lettre, le comte Léon Lippens et au travail assidu de l'ancien conservateur Guido Burggraeve. Ensemble ils ont su émerveiller quantité de gens pour la beauté et le sacré dans la nature.
Que le Zwin porte ce prédicat mérité se justifie par la qualité de ses biotopes: prés salés, slikkes, dunes et bosquets forment la trèfle à quatre feuilles de ce trésor naturel qui fournit à la fois à l'ornithologue et au promeneur insouciant un bouquet d'observations et de doux sentiments de paix et de satisfaction.
Notre objectif c'est d'accompagner l'observateur bienveillant à la découverte de ce site et de ses alentours. Découverte qui peut se réaliser au fil des saisons et à chaque période de l'année quoiqu'il y a des moments plus propices que d'autres surtout en fonction des observations d'oiseaux.
C'est pourquoi nous vous proposons de suivre un sentier ornithologique qui serpente tel un parcours de référence dans les biotopes en s'arrêtant aux divers 'points chauds' qui s'appellent 'la 'Kleine Vlakte' , les Bosquets du Zwin, l' Observatoire sur la dune, le Parc Ornithologique et la Digue Internationale.

Ballade printanière

Vous êtes invités, par une belle journée ensoleillée, à garer la voiture de bon matin au bout de la 'Lippensdreef' , là où quatre grands blocs de granit s'imposent et empêchent toute circulation motorisée. (1)
Les prairies qui s'étendent à votre gauche, localement appelées 'Kleine Vlakte' - 'petite plaine ' - référant à l'ancien champ d'aviation avant la deuxième guerre mondiale, sont un reposoir pour Courlis, Chevaliers combattants, Huîtriers pies et diverses espèces de mouettes et goélands.. . Ce terrain ainsi que quelques 250 hectares de zone tampon, bien connu sous le nom de 'Zwinbosjes' (les bosquets du Zwin) ont été acheté récemment par la Communauté flamande qui voudrait y réaliser un grand projet nature. On peut même faire le tour de cette plaine à vélo ou à pied, ce qui vaut surtout la peine au mois de février lorsque les Oies rieuses se rassemblent prêtes à retourner aux lieux de nidification dans le Grand Nord et que les échassiers et anatidés s'attardent sur les mares et flaques d'eau de cette zone humide. Les Oies cendrées sont omniprésentes et y font la loi et dans les arbres on remarquera quelque Buse ou Epervier au repos.
Fin mars les premières Barges à queue noire sont au rendez-vous et sur les pièces d'eau on peut observer Souchets, Chipeaux et Sarcelles d'hiver parmi d'autres espèces de canards dont le Tadorne de Belon se fait remarquer par sa taille et son plumage bariolé de noir, de blanc et de roux. Vous aurez sûrement l'occasion d'y observer des échassiers tels que les Huîtriers aux cris perçants, des Chevaliers gambettes à la silhouette élancée et des Chevaliers combattants toujours très affairés. N'oubliez pas les passeraux: une Bergeronnette grise trottinant à petits pas, à ne pas confondre avec la Bergeronnette de Yarrell à dos noir qui se fait observer en petite quantité le long de notre côte. La Printanière se fait encore attendre quelque peu, ce n'est qu'à partir du mois d'avril et lorsque les bêtes ont retrouvé les pâtures qu'on observe cette espèce très vive et sociable. Le naturaliste observera attentivement la tête des mâles car il ya de ces années où la Bergeronnette nordique se fait moins rare.

Nous suivons l'ancienne route betonnée à travers les bois plantés il y a quelques 50 ans. A droite se trouve 'Tobroek' et à gauche derrière la clôture le Parc ornithologique. Accès interdit ! Cela va de soi car en passant on entend un vacarme et des cris rauques sortant de gauche et de droite. Pas étonnant on passe tout près de la héronnière où nichent Heron cendré, Héron bihoreau, Aigrette garzette et depuis peu une paire de couples de Spatules. Après 300 m. on arrive dans une plaine beaucoup plus ouverte et dégagée (2), on sent la mer toute proche et on marche dans les dunes boisées d'argousiers, de troènes et de surreaux. Cette espèce de bocage côtier est le paradis des petits chanteurs qui se cachent sous les feuillages tout en proclamant leur présence avec éclat. Parmi eux le Rossignol qui atteint dans ces lieux mêmes son plus grand niveau de densité. Ce chanteur nocturne attend que tout le monde se taise: les Fauvettes, les Grives draines et musiciennes, les mésanges et autres pour dévoiler toutes les richesses de son chant. Il faut toutefois attendre jusqu'à la mi-avril pour pouvoir jouir pleinement du concert des oiseaux et en particulier de la voix du Rossignol. Parmi ses congénères on remarquera les quatre espèces de fauvettes: la Grisette, la Babillarde, la Fauvette à tête noire et la Fauvette des jardins. Pouillot véloce et Pouillot fitis égrènent des notes différentes et ne se ressemblent que par leur plumage, les Pics épeiche, vert et noir (pas très commun ce dernier) font résonner le bois et le Loriot annonce par voix claire son arrivée dans la peupleraie. Toute la gamme des bois y est bien entendu: Tourterelle des bois et turque, Geai, Coucou, Troglodyte et Rougegorge, Rouge-queue à front blanc et Locustelle tachetée mais début mai il peut y avoir des surprises telles qu'un Bouscarle de Cetti, un Merle à plastron et même le Roselin cramoisi qui depuis peu est venu s'installer en tant que nicheur. C'est le moment privilégié des 'matinales', excursions qui se font dés la levée du jour (à 5 heure du matin) pour assister à la chorale des oiseaux sylvestres. Les ornithologues savent choisir leur moment: à bon vent celui des grandes migrations de milliers de Martinets entremelés de trois sortes d'Hirondelles (Cheminée, Fenêtre et de Rivage) et gare au Faucon hobereau ou au Balbuzard pêcheur et d'autres rapaces tels que deux espèces de Buzards (des Roseaux et Cendré) , la Bondrée apivore et même l'Autour et les Milans qui à tout moment peuvent faire une brève apparition.
Tout en cheminant la vieille piste betonnée du temps des Allemands et zigzaguant dans le bocage on arrivera en bordure de mer. Nous traversons la promenade venant du Zoute en nous réjouissant de la vue nous offrant la mer, les dunes, la Réserve du Zwin et les bosquets. Nous cherchons un endroit idéal au sommet d'une dune et scrutons la mer et les environs.(3) C'est ce que les Anglais appellent: faire du 'sea-watching'… le guet à la mer pour observer les oiseaux marins qui filent le long de la côte. A marée basse il faut toujours bien regarder les brises-lames où se réfugient goélands, mouettes et échassiers. C'est un des rares endroits à observer des Eiders et diverses espèces d'oiseaux marins le long de notre côte. Peut-être verrez-vous des sternes: la Caugek, la Sterne pierregarin appelé souvent 'hirondelle de mer' ou la Sterne naine qui tous les trois nichent à portée de main dans l'avant-port de Zéebruges c.à.d. à trois kilomètres de distance en vol d'oiseau. Et il n'est jamais exclu de voir telle ou telle rareté en migration puisqu'il ne faut surtout pas oublier que ce site est situé sur la fameuse ligne de migration printanière.
Tout en suivant l'un des sentiers pédestres dans les dunes on reviendra sur ses pas et nous proposons de passer quelques heures dans la réserve biologique du Zwin. (4) L' accès est payant mais le visiteur sera récompensé en observations et par le charme du site. Le parc même fait preuve de vieillesse et paraît complètement démodé et les oiseaux dans les cages et volières souvent trop petites méritent un bien meilleur sort. Point de vue éducation, rien à dire: nombreux sont les élèves et les gens qui ont découvert un monde inconnu et qui, tout en visitant le pré salé, ont été éblouis de vivre un attrait nouveau en un temps où l'évasion dans la nature est devenue un impérieux besoin.
Les naturalistes les plus doués ne s'attarderont que peu dans le parc et se dirigeront vers les slikkes et la schorre pour apaiser leur faim. On passe devant l'ancienne villa royale couronnée de nids de Cigognes blanches et nous montons la Digue internationale qui surplombe et délimite la plaine du Zwin. La vue par une belle journée de mai y est sans pareille: sous un ciel délavé s'étend une mare saline parsemée d'îlots… Ici la lunette est vraiment indispensable si on veut s'exercer en temps qu'ornithologue. Le printemps nous sert des Grèbes (Huppé, Grèbe castagneux et Grèbe à cou noir et parfois même le Jougris), des mouettes (Rieuses mais attention à la Mélanocéphale qui fréquente de plus en plus nos régions), des Goélands argentés, Bruns et Marins, des Sternes, des Canards, des Echassiers et des Limicoles.
Les Avocettes sont souvent les vedettes et se livrent à des jeux nuptiaux compliqués et collectifs mais il y a tellement plus: un dérangement soudain est souvent le signal d'un happening ornithologique sans pareil. 'Qui, quoi, où….?' Sont les questions qu'on se pose…est-ce un rapace qui est à l'origine de cet envol simultané ou tout simplement un héron survolant la zone de nidification? C'est à l'observateur de chercher la réponse en répérant le Faucon pèlerin, le Busard des roseaux ou l'éventuel Balbuzard pêcheur.
Rien de tel que le printemps au Zwin pour connaître et reconnaître les 'Limicoles' (petits échassiers de rivage) tels que les Gravelots (Grand gravelot et Gravelot à collier interrompu), les Bécasseaux variables, maubèches et cocorlis, les Pluviers dorés et argentés, les Chevaliers gambettes et maubèches, les Barges et bien d'autres espèces qui fréquentent les vasières et les slikkes. On descend, toujours armé de ses jumelles et de la lunette, dans la schorre et nous nous dirigeons vers le pied des dunes tout en traversant la zone accessible, destination 'Embouchure du Zwin' à cheval sur la frontière belgo-hollandaise. En cette saison printanière les Traquets motteux, les Pipits et d'autres petits passeraux tels que le Traquet pâtre sont de passage tandis ce que l'Alouette des champs chante inlassablement dans les airs. Avant de virer vers la droite en de suivre le sentier qui contourne la réserve, nous nous attardons un instant au sommet de la dune pour faire du 'sea-watching'. Attention: le sentier proposé n'est réalisable que par marée basse; à marée haute il est impératif de revenir sur ses pas! Admirez la flore des plantes salines: salicornes, statices, obione et spergulaire et osez rêver d'une surprise tout en scrutant le ciel car au-dessus de nous passe la fameuse voie aérienne des rapaces en migration. Le sentier nous reconduit finalement au parc et à la sortie ou, si le coeur vous en dit… à la cafétaria.

Migration de rapaces et pics de passage sur la Digue Internationale. (5)

A l'insu de pas mal d'ornithologues la Digue Internationale, plus précisément l'endroit situé à la limite du territoire belge derrière le restaurant 'De Witte Koksmuts' est un site remarquable pour l'observation des rapaces lors de la migration printanière. (mi-avril jusqu'à la mi-mai)
Non pas qu'on puisse comparer le site à celui de Breskens, véritable Falsterbo hollandais, mais au moins avons-nous un lieu où par temps idéal (thermique et par vent d' est /sud-est) il y a moyen de voir passer des dizaines d'espèces de rapaces par jour.
Pour se rendre au poste: prendre la route de Retranchement (Pays-Bas). Tourner à gauche en arrivant au pont de Retranchement, direction Cadzand Bad, rouler sur 2.5 km et garer la voiture sur le parking du restaurant 'De Witte Koksmuts'. Monter les marches qui mènent au sommet de la digue: on se trouve à quelques dizaines de mètres de la frontière sur territoire hollandais mais , faute de mieux, d'ici on a une vue excellente vers le sud-ouest: le polder, les bosquets et la plaine du Zwin.

Observations estivales. (juin - juillet - août)

Une fois passé le printemps, le calme est revenu dans le Zwin. Les migrateurs sont devenus sédentaires et se sont livrés au jeu des parades nuptiales et aux soins de la nidification. Les Avocettes, les Chevaliers gambettes, les Huîtriers pies, les Sternes pierregarin, les Tadornes et bien d'autres se font remarquer dans et au-dessus de la végétation saline et des canaux. Les Mouettes rieuses sont devenues rarissimes en tant que nicheuses et ont cédé la place aux Goélands argentés, beaucoup plus féroces. La Mélanocéphale cherche à s'implanter et les Spatules et Aigrettes garzette avancent avec élégance. Notre itinéraire décrit en début d'article garantit de très belles observations et surtout n'hésitez pas de vous ballader de bon matin ou par une belle soirée d'été…vous verrez à coup sur les Bihoreaux et avec un peu de chance vous serez alarmé par l'appel miaulant de la Mélanocéphale. Bercé par le chant des Rossignols, vous serez peut-être surpris par le chant de l'Hippolaïs ictérine ou tout simplement ravi par celui du Pouillot fitis.

Automne: les fleurs se fanent et la tension des observations monte. (sept.-oct.)
Dans le résumé qui suit nous nous sommes contentés de faire un aperçu des moments pics.
1.
Sea - watching (3)
Multitude de passereaux longent la côte lors de la migration d'automne. Les Pipits de farlouse et les Etournaux migrent en masse, d'autres entreprennent le long trajet vers le sud tout seuls ou en petits vols. Le passage des Limicoles se déroule souvent à partir de la mi-août et lorsque le vent s'oriente au nord-ouest les conditions sont favorables à voir déclencher une 'descente' en masse. Les sternes, les plongeons, les macreuses et les alcidés se mettent en route dés le mois de septembre et les Bernaches cravant, les Cormorants et Anatidés les suivent au mois d'octobre. Début novembre c'est le moment des Oies rieuses et surtout des Oies à bec court, ces dernières trouvant dans nos polders l'ultime étape et le repos hivernal lors de leur envolée vers le sud.
Il est toutefois déplorable qu' aucune accomodation ne permet au sea-watcher de se mettre à l'abri de la pluie et des rafales de vent.

Zwinbosjes - Bosquets de Zwin (2)

Attirés par les baies de surreau et d'argousier, Etournaux, Grives (litorne en mauvis), Merles ont vite fait d'occuper les lieux en se régalant de l'offre (in)attendue. Attention, n'oubliez pas de scruter le ciel puisque les rapaces aussi ont repris la voie du sud: Balbuzard pêcheur, Busard Saint-Martin et des roseaux, Buse, Epervier, Faucon hobereau et Pèlerin… figurent sur la liste des observations désirées. Et pour les 'vrais' : fouillez les feuillages à la recherche des 'nains'…les Roitelets (huppé et à triple bandeau), les Pouillots à grands sourcils, et d'autres raretés qui se dissimulent dans la végétation.

3.
Schorre et slikke
… sont au plus beau! La salicorne étale un tapis rouge et épars sur la slikke inondée grouille le petit monde de Bécasseaux variables, Pluviers argentés et dorés, Tournepierres et Barges rousses. Méfiez-vous car les Chevaliers combattants, le Chevalier arlequin et aboyeur, les Grands gravelots et les Bécasseaux maubèches, cocorlis et minutes fréquentent les mêmes vasières. En plus le pré salé est l'endroit idéal pour étudier le plumage d'hiver.

© Patrick Keirsebilck

Hiver : climax dans le Zwin. (déc. - janvier - février)
Avec un suivi des 'pics'

1.
De Kleine Vlakte
Cantonnement habituel des Oies rieuses et des Oies cendrées. Dortoir et reposoir pour Courlis, Chevaliers combattants…
2.
Tobroek
Dortoir de rapaces: Faucon émérillon, Epervier, Buse et Autour y ont trouvé refuge de même que les Aigrettes garzettes (en moyenne 50 oiseaux au dortoir en 2002).
Meilleur endroit d'observation: la barrière à l'entrée de la prairie, 50m. au delà des 4 blocs en granit. La pâture ainsi que le bois sont inaccessibles! Lieu idéal pour l'observation de la Bécasse et la migration du soir des oiseaux de proie. Meilleur moment: la tombée de la nuit.
3.
La slikke - pré salé (4)

est une aire de repos pour dizaines, voire centaines d'anatidés. Il y a moyen d'observer quelques 14 espèces de canards e.a. Harle huppé et piette, Garrot à oeil d'or, Macreuse brune et noire, Canard siffleur, Chipeau…
Meilleur endroit : du haut de la Digue Internationale dans le Parc.
est l'aire d'hivernage des Limicoles et Echassiers. Hors des Bécasseux variables, des Huîtriers, Tournepierres et des Pluviers, il reste toujours un vol d'Avocettes, quelques Grands gravelots…
est le dortoir des Courlis (> 1500) et des Chevaliers combattants (jusqu'à 2000 dans le passé)
dortoir du Busard Saint-Martin (6 à 10 par moments) et depuis quelques années du Busard des Marais (quelques-uns au max.)
parmi les hivernants on note en plus: Hibou des marais (assez fréquent), Martin pêcheur,Corneille mantelée (en tou petit nombre), Alouette hausse-col, Bruant Lapon et Bruant de neige, Linotte à bec jaune.
en passage (et parfois au posé): Oies rieuses, Oies à bec court, Bernaches nonnette et cravant,

La marée d'équinoxe

Un moment superbe pour 'saffronter aux forces de la nature et vivre l'inondation du pré salé. Mainte surprise a été noté avant ou juste après une tempête nord-ouest combinée à la marée d'équinoxe.
Phalarope à bec large, Guillemot de Troïl, Mouette tridactyle, Grand labbe et Labbe à longue queue, Pygargue, Chevalier guignard ne sont que quelques exemples d'oiseaux rares observés récemment dans le Zwin.

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