dans le livre des massacres :

[...]
Tandis que Harris et M.Culbertson étaient au chevet de M.Collins, M.Denig et moi sommes allés, munis d'un sac et des instruments nécessaires, prélever la tête d'un chef indien, mort depuis trois ans, qui s'appelait "la Vache Blanche". M.Denig a grimpé sur mes épaules puis sur les branches qui entouraient le cercueil, à une dizaine de pieds de haut. Ce dernier a été descendu, ou plutôt culbuté, et le couvercle enlevé à coups de marteau. A ma grande surprise, les pieds reposaient sur l'oreiller et la tête se trouvait, elle, au pied du cercueil ... si l'on peut appeler ainsi cette longue boîte. Les vers y pullulaient en quantité innombrable ; les pieds étaient nus, recroquevillés et desséchés. La tête avait toujours ses cheveux mais nous l'avons détachée très rapidement en la tenant sous la mâchoire et en la faisant pivoter. Le corps était enveloppé d'une peau de bison sans poils, puis d'une autre avec poils, comme c'est la coutume. Il avait été ceint, ensuite, d'un drapeau américain puis recouvert d'une splendide couverture rouge. Nous avons laissé le tout par terre à l'exception de la tête. Squires, M.Denig et le jeune Owen McKenzie y sont retournés pour essayer de remettre le cercueil et son contenu dans l'arbre, mais en vain : tout est retombé partout et y gît à présent. J'ai l'intention, demain, de le faire recouvrir de terre. L'histoire de cet homme est courte et je la tiens de M.Larpenteur qui se trouvait au fort au moment de sa maladie - ou de son suicide. C'était un fidèle ami des Blancs qui savait comment leur procurer de nombreuses peaux de bisons. C'était aussi un orateur réputé qui ne laissait jamais passer une occasion de haranguer son peuple.
[...]

in "Journal du Missouri"
John James Audubon

Traduction de Danièle et Pierre Bondil
ISBN 2-228-89537-7

Naturalisme

au chapitre "nos ancêtres naturalistes"