Nobel de la paix: une victoire pour l'écologie, l'Afrique et les femmes

L'attribution du prix Nobel de la paix 2004 à la militante écologiste kényane Wangari Maathai, première Africaine à recevoir cette distinction, a été saluée vendredi à travers le monde comme un succès pour la cause de l'environnement, pour l'Afrique et pour les femmes.Un porte-parole de Greenpeace International, Michael Townsley, a observé à Amsterdam que "c'est la première fois que le prix va à un écologiste". "Nous sommes ravis que l'influent Comité Nobel ait reconnu le lien entre la menace de destruction environnementale de la planète et la sécurité mondiale", a-t-il indiqué."C'est la première fois, il me semble, qu'on fait le lien entre l'environnement et la paix et c'est important", a également souligné à Rome Hosny Lakany, directeur adjoint de l'agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentationPour Eric Falt, le porte-parole du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), dont le siège est à Nairobi, Wangari Maathai "est probablement l'avocate la plus ardente de l'environnement en Afrique".Une responsable de l'Unesco, Elizabeth Wangari, a jugé que l'octroi du prix Nobel à la militante écologiste, actuellement secrétaire d'Etat kényane à l'Environnement et aux Ressources naturelles, était "plus que mérité".Le professeur Maathai "lutte depuis des années contre la déforestation du Kenya et pour le maintien des écosystèmes forestiers", a observé Mme Wangari, qui dirige la section Afrique du Centre du patrimoine mondial de l'agence onusienne.Les délégués à la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces menacées de faune et de flore sauvages qui se tient actuellement à Bangkok, ont également salué le choix du Comité Nobel."Le monde observe que l'environnement se dégrade et qu'une action énergique doit être menée pour changer cette situation.
Honorer Wangari Maathai est simplement une manière de dire cela", a jugé Evans Mukolwe, chef de la délégation kényane à cette réunion.De son côté, le président kényan, Mwai Kibaki, a affirmé que sa secrétaire d'Etat à l'Environnement avait "fait la fierté de son pays et de l'Afrique".Mme Maathai a reçu "cette récompense en reconnaissance du rôle majeur qu'elle a joué dans la démocratisation du pays, en particulier à travers sa campagne soutenue pour la défense de l'environnement", a-t-il déclaré dans un communiqué.Selon la ministre sud-africaine de la Santé, le succès de Mme Maathai est aussi celui du continent africain et des femmes."C'est une grande réussite pour l'Afrique et de nombreuses femmes qui sont engagées dans les combats quotidiens pour la justice sociale, l'égalité des @#$%& et le rétablissement de la dignité du peuple africain", a indiqué Manto Tshabalala-Msimang dans un communiqué."Nous avons dit que ce siècle est celui de l'Afrique et les hommes et les femmes d'Afrique à travers tout le continent accèdent aux positions auxquelles ils ont droit sur le plan mondial", a-t-elle ajouté.Le ministre français de l'Ecologie, Serge Lepeltier, a estimé que "l'attribution de cette distinction prestigieuse est la juste reconnaissance du travail de Wangari Maathai en faveur de la paix, de l'écologie et de la place de la femme dans notre société".Le ministre allemand de l'Environnement, Juergen Trittin, a félicité dans un télégramme Mme Maathai, une personnalité qui a "amélioré les conditions de la paix pour le XXIe siècle", laquelle, selon lui, "dépendra beaucoup des succès dans la protection globale de l'environnement, d'un climat stable et d'un environnement sain".Le président allemand, Horst Koehler, a également envoyé un télégramme à la lauréate pour lui faire part de son "plus grand respect" pour son "engagement dans des conditions souvent difficiles pour sauvegarder l'environnement et défendre les droits de l'Homme en Afrique".Lech Walesa, lauréat du même prix en 1983, a jugé que l'octroi du prix Nobel à Mme Maathai est "une bonne idée" au regard des problèmes
d'environnement dans le monde."Il faut se défendre et s'organiser parce que, sinon, on va nous couper finalement toutes les forêts du monde", a estimé l'ancien chef du premier syndicat libre du monde communiste, Solidarité, et ancien président polonais cité par l'agence PAP.

AFP | 08.10.04 | 19h07

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