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Pour la première fois, des chercheurs se sont penchés sur le comportement mystérieux des frégates superbes (Fregata magnificens), oiseaux marins tropicaux très connus des ornithologues mais jamais vraiment étudiés. Alors qu'elles passent leur temps à survoler les mers à la recherche de nourriture, les frégates ne peuvent pas se poser sur l'eau : leur plumage n'est pas imperméable et leurs pattes sont trop courtes pour les propulser hors de l'eau. Ces animaux sont pourtant parfaitement adaptés à leur milieu. C'est ce que montre l'étude menée sur leur site de reproduction dans la réserve naturelle du Grand Connétable, en Guyane française, par Henri Weimerskirch et son équipe du Centre d'études biologiques du CNRS de Chizé.

Dans un article à paraître le 23 janvier dans la revue Nature, les chercheurs expliquent comment les frégates se servent des thermiques, c'est à dire des courants ascendants de l'air, pour voler en économisant au maximum leur énergie. Grâce à leur poids très léger par rapport à la surface de leurs ailes, elles se laissent porter en tourbillonnant dans les airs, jusqu'à des altitudes pouvant atteindre 2 500 mètres. Puis elles redescendent en planant avant de se servir de l'ascenseur aérien suivant. Cette stratégie de vol, qui limite les efforts physiques de l'animal, est la même que celle qu'utilisent les oiseaux migrateurs pour effectuer de longs périples au dessus des terres. Ce qui est étrange, c'est que ces derniers évitent de survoler les mers, faute de thermiques, alors que les frégates le font. En fait, les courants d'air ascendants n'existent pas au-dessus des mers, sauf dans les régions tropicales où la mer est assez chaude pour en produire en permanence. Les frégates peuvent donc y voler aussi bien le jour que la nuit en utilisant cette technique.

Pour connaître la façon dont se déplacent les frégates, les chercheurs ont pris des mesures en trois dimensions. Ils ne se sont pas contentés de suivre ces oiseaux à l'aide d'émetteurs satellites Argos ; ils les ont, en plus, dotés d'altimètres. C'est de cette manière qu'ils se sont aperçus qu'elles ne venaient que très rarement à proximité de la surface de la mer pour attraper leurs proies : elles s'emparent des poissons volants ou des calamars qui tentent, en sautant hors de l'eau, d'échapper aux bancs de thons ou de dauphins qui les prennent en chasse. Pour repérer de telles occasions, très rares, cette technique demande de longues heures de vol à haute altitude.
Les frégates ramènent donc rarement de la nourriture à leurs petits, qui ont en conséquence une croissance très lente.
Mais l'espèce s'y est adaptée : elle se reproduit moins fréquemment pour s'occuper pendant plus d'un an de leur progéniture, c'est à dire la plus longue période d'élevage chez les oiseaux.

Généralités et Environnement

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