Voyages et Observations

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Islande ou Varanger ?

Envoyé par : Laurent (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 October 2003 14:41:25

J'ai envie de faire le grand Nord l'an prochain.
Les 3 premières semaines de juillet (je vous rappelle que ma femme est dans l'éducation nationale, et non... il nous est impossible de partir en juin).
Mais je me tate : Islande ou Laponie ?
Je me vois bien faire le Varanger et le Lac Inari en Finlande... mais l'Islande m'attire aussi.

Merci de me donner votre avis : beauté des paysages, qualité des obs (oiseaux à 10m...), diversité, possibilité de balades à pied, météo, prix....

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Re: Islande ou Varanger ?

Envoyé par : Renaud Musier (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 October 2003 16:08:55

Bonjour laurent,

Je pense que la Laponie offre davantage d'espèces nicheuses (chouettes nordiques, espèces forestières, ...), mais les paysages sont plus spectaculaires en Islande.
La vie est plus chère en Islande.


Re: Islande ou Varanger ?

Envoyé par : snowbunting (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 October 2003 16:35:07

Laurent,

le choix est difficile.


-Varanger, c'est extraordinaire, les paysages sont magnifique et l'overdose de piafs assurée. Le principal problème, c'est le passage dans la taiga, qu'on ne peut éviter: et les 3 premières semaines de juillets, taiga = moustiques. Pas les moustiques de Camargue, ni même les midges d'Ecosse, mais des moustiques vrais de vrais, par milliers, et particulièrement efficaces. A titre d'exemple, pendant la "nuit", on entend parfois les moustiques crépiter sur la toile de tente comme une pluie d'orage....
Ce problème dépend entièrement des années: autant 2000 a été insupportable dans le genre, autant en 2003 les moustiques se sont faits rares.
Si tu as les nerfs pour supporter ce problème, ou si tu ne souhaites vraiment que rester sur la côte, la Norvège est vraiment extraordinaire (rapport complet sur demande).


Le problème majeur de l'Islande, c'est le fric... Soit tu pars en avion et tu loues une voiture, ce qui n'est rentable qu'à partir de 4 personnes, soit tu pars en bateau via le Norrona, avec ta propre voiture: la traversée, de 3 jours, et l'escale (2.5 jours) aux Feroe sont assez inoubliables, que ce soit au niveau des paysages, des oiseaux ou de la facture! de plus, la bouffe est très chère.
Si tu n'as pas le problème du fric, va en Islande sans hésiter, sachant que l'avifaune y est moins riche qu'en Norvège, mais encore moins farouche (c'est dire!)... et il n'y a pas le problème des moustiques.

A mon avis, la solution idéale, c'est de prévoir 2 voyages consécutifs dans le Nord pour visiter Norvège et Islande, en réservant l'année où tu as le plus de temps pour faire la Norvège (il faut y monter, et c'est long!), l'autre année pour l'Islande...

SB


Re: Islande ou Varanger ?

Envoyé par : Olive (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 October 2003 18:16:09

Salut SB,
Peux-tu me faire parvenir ton rapport de Norvège s'il te plait ?
Merci d'avance
Olive


Re: Islande ou Varanger ?

Envoyé par : Olive (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 October 2003 18:16:17

Salut SB,
Peux-tu me faire parvenir ton rapport de Norvège s'il te plait ?
Merci d'avance
Olive


Compte-rendu Islande juin 2003

Envoyé par : Franz Zimmer (Adresse IP journalisée)
Date : Fri 17 October 2003 22:31:59

Bonsoir,


Pour éclairer ton choix Laurent, je te transmet le compte-rendu d'un voyage sur l'Islande publié sur Avimonde :

Ce texte souhaite rendre compte de ce qu'ont vécu en Islande
du 11 juin au 2 juillet 2003
Michèle Corsange - Corinne Eichler - Amilcar Baltazar -
et André Boussard.

Un dossier pourra vous être adressé par courriel comprenant :

1) Ce texte en HTML
2) Une vingtaine de photos
3) L'itinéraire détaillé
4) Une carte en couleurs de cet itinéraire
5) Un budget détaillé
6) Une liste de "bonnes adresses"
Bibliographie - Cartes

En raison d'une absence,à demander à partir du 27/10/03

_______________________________________________________

ISLANDE ORNITHO

11 juin – 2 juillet 2003


Nous étions prévenus.
Trois éléments conditionnaient le plaisir et la réussite d’un voyage en
Islande.

L’un tient au pays lui-même. Cette île dont la surface est égale au
cinquième de la France est « l’image du monde à sa naissance » (J.P. Biard). Jeune, elle est née géologiquement il y a 60 millions d’années au début du tertiaire.
Ses décors, sans cesse en renouvellement font considérer l’Islande comme
le pays au monde, après le Népal, qui offre le plus de variétés dans ses
paysages, ses couleurs, ses ambiances … plaines alluviales, cours d’eau
tumultueux, falaises escarpées, zones volcaniques actives, avec failles,
géothermie et la plus grande calotte glaciaire d’Europe, le « Vatnajökull »,
8300 km² de glace opaque et bleutée.

Seul 1% de sa surface est cultivé, 20% couverts d’herbages, 2% de lacs,
12% de glaciers, 40% de sables, le reste n’étant que zones désertiques de
volcans, champs de laves et cendres.

Ce pays rude doit au mélange des courants froids du Groënland et des
courants chauds du Gulf Stream un climat doux en hiver et frais en été.

Ne vous est-il pas déjà arrivé, à la fin d’une journée harassante, peu
fructueuse, de rêver d’un endroit où les oiseaux seraient si nombreux que
vous ne sauriez plus où donner de la lunette ? Un rêve ? Non, l’Islande est
cet endroit.

Imaginez ! Pour les seules falaises du pourtour de l’Ile se retrouvent
environ 8 millions de couples d’alcidés (Macareux moine – Guillemot de
Troïl – de Brünnik – à Miroir – pingouin Torda) de Fulmars boréals et de
Mouettes tridactyles.

A Latrabjarg (Nord-Ouest) les falaises hautes de 20 à 30 mètres abritent
sur 14 kilomètres (!) des centaines de milliers de ces oiseaux, merveilleux
champ d’expérience pour la digiscopie, voire la photo proche, tellement ils
craignent peu notre présence. Un chemin qui serpente sur la crête vous
offrira un spectacle total . Au bruit lancinant des coups de butoir des
flots contre la roche se mêlent les piaillements, cris, invectives de cette
multitude. De plus, mêlée aux odeurs du large, celle de la fiente partout
présente, chauffée par le soleil, vous donne la troisième sensation.

L’Islande n’a que 124 oiseaux réguliers et seulement 71 sont nicheurs. Faute de niches écologiques favorables, en raison de l’absence de vraies forêts et d’une pauvreté en insectes, seuls 7 passereaux sont représentés dans les nicheurs.

Il faut signaler l’existence de 13 sous espèces endémiques, conséquence de l’isolement de l’Islande; leurs caractéristiques spécifiques concernent
taille, coloration ou détails morphologiques.

Autre élément important pour l’observation des oiseaux : le temps qu’il
fait. L’année 2003, nous a-t-on dit, n’a pas été tellement différente des
autres … nous n’avons pas été vraiment gênés et avons plutôt été gratifiés
d’un soleil généreux.

De toute façon, il se vérifie que les Islandais ont raison quand ils vous
disent «Le temps ne te plaît pas ? Attend un quart d’heure. Il va changer».


Troisième élément essentiel : l’intendance. Pour bien profiter de ce pays
exceptionnel, un voyage en Islande ne s’improvise pas sur place.
La saison de visite possible concerne juin – juillet pour les ornithos, la
saison touristique se prolongeant jusqu’à fin août malgré l’augmentation
des précipitations. En septembre, l’hiver commence à s’installer.


Les conséquences en sont :

- la difficulté de se loger (il faut réserver)

- l’impossibilité de disposer de place sur les ferries ou les avions des
lignes intérieures (pour l’Ile de Grimsey – cercle arctique – le « Twin
Oter » ne prend que 16 passagers et pas tous les jours) Il faut donc
réserver

Réservations : dès janvier pour juin – juillet (eh oui !)

- un coût de la vie élevé

Il faut louer la voiture de France (Nouvelles Frontières est l’
agence la mieux placée.)

Dans les petites surfaces (il y a en partout) on trouve beaucoup de choses
mais chères. Les légumes et les fruits sont islandais, cultivés sous serres,
grâce à l’utilisation de la géothermie.

Les restaurants ne sont pas abordables pour la plupart d’entre nous, il faut
donc s’organiser en conséquence.

Les dates : L’idéal me paraît être du 20 juin au 15 juillet, au delà la
saison de nidification a pris fin pour beaucoup d’espèces et les colonies
risquent d’être désertées.

Pour nous, il y avait deux façons de découvrir l’Islande :

1 – Partir avec Pierre Boutonnet (Yuhina) ornithologiste de haut niveau
avec qui nous sommes allés en Turquie (2001), en Roumanie (2002).
Compte rendu de ces voyages sur [ornithologie.free.fr]
Yuhina a trois ans d’expérience de l’Islande et Pierre par des prospections
renouvelées a une connaissance fine des lieux d’observation des oiseaux de ce pays.

Ceux qui sont partis avec lui en juin 2003 ont vu tout ce que l’on peut voir
(à l’exception du phalarope à bec large très rare) et ce dans des
conditions royales :
- deux fois un faucon gerfaut au nid
- plongeons catmarin et imbrin
- garrot d’Islande – grèbe esclavon – arlequin plongeur – les trois
guillemots et le pingouin torda
- deux renards polaires et……… suprêmes plaisirs
- deux fois le pygargue à queue blanche et un groupe d’orques
épaulards, depuis la grève, pendant plus d’une heure.

Le circuit de Pierre est de quinze jours. Il privilégie les hauts lieux
ornithos dans SO – Ouest – NO – Nord de l’île, entre autres Reykjanes,
Thinjvellir, Flatey , Latrabjarg, Myvatn en profitant de tout ce qui
présente de l’intérêt.
Pierre assure toute l’intendance avec des fermes auberges et conduit son
minibus (groupe de huit). Quand on sait ce que sont beaucoup de routes
d’Islande, non asphaltées, ne pas conduire peut être perçu pour certains
comme un privilège, de vraies vacances … et n’avoir qu’à mettre les pieds sous la table .


2 – Autre solution

Nous organiser nous mêmes dans la mesure où nous souhaitions découvrir la
totalité de l’île dans ses variétés d’intérêt et tous les principaux sites
ornithos . Sans rentrer dans le détail des justifications, nous avons décidé
:

- de partir à quatre en louant un véhicule catégorie D grand volume
(un 4x4 n’est pas nécessaire)

- de consacrer trois semaines à ce périple

- d’inclure la visite de
· l’île Heimaey (Vestmann Islands au sud) par ferry
· l’île de Grimsey au nord en avion
· l’île de Flatey par ferry

- d’utiliser le réseau des « Auberges de Jeunesse » qui permettait
pour un prix raisonnable de dormir confortablement dans du dur et de
préparer dîner / petit déjeuner

- de prévoir des plats lyophilisés (Vieux Campeur – Décathlon) pour
les repas de midi dans la nature


LES GRANDS MOMENTS DE NOTRE PERIPLE :


- Les dernières minutes avant d’atteindre l’aéroport de Keflavik …sensation
d’atterrir sur la lune. Partout au dessous de nous, une fois la mer quittée,
des convulsions de basalte noires hérissent le sol qui va nous recevoir ; on
ne voit aucune maison, aucune vie, seulement quelques tapis de fleurs mauves ici ou là ….

Nous survolons la faille (Rift) de la presqu’île de Reykjanes, rectiligne
effondrement à perte de vue, piste étroite aux bords relevés, espace marqué entre les plaques tectoniques américaine et eurasienne. Plus loin, énorme, la calotte glacière du Vatnajökul. IMPRESSIONNANT !

- La rencontre avec les premiers oiseaux.

Dans Reykyavik, perchées sur les pignons des maisons de nombreuses grives mauvis (Turdus iliacus coburni) chantent … « jour et jour » (en juin il n’y a pas de nuit, le soleil luit 24 heures sur 24).

Le Pipit farlouse (Anthus pratensis) dès que l’on est sorti des villages
partage les piquets du bord des routes avec le Chevalier gambette (Tringa
totanus robusta) le plus bruyant de tous. Il vient même de loin pour dire
son hostilité à notre présence, virevoltant et se posant devant la voiture.

Nous croiserons ces trois espèces en grand nombre tout au long du voyage.

Seront très présentes aussi, la Bécassine des Marais (Gallinago gallinago
faeroeensis) qui, dans ses vols nuptiaux en piquée émet avec ses rectrices
étalées un bêlement de chèvre surprenant, et surtout la Sterne arctique
(Sterna paradisaea). Il y en a environ 100.000 couples sur l’île. Elles nichent sur tout le
littoral mais aussi à l’intérieur des terres au bord des lacs et des marais
(Myvatn – Thjorsarver) dans une grande diversité de sites tels mottes
gazonneuses, marais, sols plats sableux, plages de galets avec algues …

Amilcar, celui qui de loin est le plus grand de nous quatre, a été tout de
suite notre « para-sternes ». Il avait leur préférence. Si la Sterne
arctique prévient d’abord par une piquée de menace avec un cri strident,
il faut savoir qu’à la seconde piquée elle va lâcher (avec adresse) une
fiente chaude et gluante … ensuite c’est à coups de bec sur le crâne, protégé ou non d’un bonnet, qu’elle entend défendre son territoire.

- La traversée sur l’ « Herjalfur » vers les îles Vestmann (il faut le
lendemain de votre arrivée, commencer par cette destination) qui nous a
permis de voir en vol et sur l’eau : Océanite tempête (Hydrobates
pelagicus), Puffin des Anglais (Puffinus puffinus), Puffin fuligineux
(Puffinus griseus), et en approchant de la terre Fulmar boréal (Fulmarus
glacialis), Macareux moine (Fratercula arctica).

-L’arrivée au port de Heimaey et notre premier contact avec les Alcidés, en
contournant avec le bateau, de très près, des falaises verticales, hautes d’
une dizaine d’étages.

Sur toutes les corniches importantes des centaines de Guillemots de Troil -
bridés ou non – (Uria aalge). Ils sont alignés debout face à la paroi nous
tournant le dos pour beaucoup ; c’est comme cela qu’ils couvent l’unique
œuf en forme de poire (pour l’empêcher de rouler) coincé entre leurs pattes.

Parmi eux, des Guillemots de Brünnich (Uria Lamvia) qui pour la plupart
couvent allongés sur l’œuf.

Présent en petit nombre, le Pingouin torda (Alca torda) qui la plupart du
temps préfère aussi les éboulis mais occupe surtout, le « troisième étage »
à partir du sommet, en dessous du Macareux moine (qui creuse des terriers
dans la partie herbeuse au sommet de la falaise) et du Fulmar boréal au
deuxième étage.

Seul absent, le Guillemot à miroir (Cepphus grille islandicus) qui ne niche
pas en colonies sur les parois verticales mais dépose ses deux œufs dans des éboulis rocheux, des fissures à la base des falaises ou de piles de bois
échoués, venus d’Amérique ou de la Baltique.

D’abondantes traces de fiente signalent sur de plus petites corniches de
très nombreuses présences de Mouettes tridactyles (Rissa tridactyla) ou de
Fulmar boréal. Le bruit du moteur du ferry qui glisse vers le port, maintenant au ralenti, est largement couvert par les piaillements de tous les hôtes de ces nombreuses colonies si proches.
Nous sommes tous les quatre subjugués ! Première immersion saisissante dans l’univers fascinant des oiseaux d’Islande.


- La découverte de l’île d’Heimaey (5 km x 8 km), célèbre par l’éruption de
l’Helgafell en 1973 et la proximité de Surtsey, nouvelle île surgie des eaux
en 1963, aujourd’hui éprouvette d’étude pour la flore et l’avifaune,
colonisée par 23 espèces d’oiseaux (pas d’accès humain possible).

L’île d’Heimaey par ses falaises tourmentées et ses grottes largement
ouvertes dans lesquelles s’installent les oiseaux, mérite qu’arrivé le jour
J2 vers 16heures, vous prévoyez de coucher sur place pour repartir en J3 à
15H30. Vous allez pouvoir partir à la découverte des colonies de Macareux
moines (2 millions d’individus), de Mouettes tridactyles et de Fulmars
boréals. Avec un peu de précaution vous pourrez aisément surplomber les
falaises et prendre plaisir à être environné d’oiseaux volant à quelques
mètres de vous.

A Heimaey, nous avons rencontré nos premiers Bruants des neiges
(Plectrophenax nivalis insulae), de tout proches Pluviers dorés (Pluvialis
apricaria), apprécié les grèves de sable noir garnies d’Eiders à duvet
(Somateria mollissima), aperçu furtivement, très près, un Huîtrier pie et
son poussin.(Haematopus ostralegus)

Nous avons admiré - ils posaient volontiers sur les hauteurs des pierriers ,
des Traquets motteux (oenanthe oenanthe leucorhoa) arrivés d’Afrique
de l’Ouest en mai, certains après un transit en Grande Bretagne. Les Courlis corlieu (numenius phaepus) complétaient, ici et là, de leurs vociférations une ambiance sonore déjà de bon niveau.

En plus de la falaise d’Ingolfschödi près de Skaftafell (S.E de l’Islande),
la peninsule de Yetiklettur, au nord de l’île d’Heimaey, est le seul endroit
d’Islande où nichent Pétrels tempête, Pétrels culblanc (Oceanodroma
leucorhoa) et Puffins des Anglais. Le temps nous a manqué pour y aller mais les mœurs nocturnes de ces oiseaux ne nous auraient pas facilité leur
repérage.
- Le plaisir d’observer de très près, au lac de Tjörnin, en plein centre de
Reykjavik, (il faut y aller) une colonie d’une vingtaine de Sternes
arctiques nicheuses, des Eiders à duvet en famille, des Cygnes chanteurs
(Cygnus cygnus) en parade, de nombreuses Oies cendrées, plusieurs couples de Harles huppés (Mergus serrator) rasant l’eau, des Fuligules milinouinans (Aythya marita) et Morillons (Aythia fuligula) ainsi qu’un mâle de Sizerin flammé (Acanthis flammea islandica) au plastron rose mauve repéré dans les bosquets alentour .

- La découverte dans la zone de failles de Thingvellir (tout près du premier
parlement islandais, l’Althing) de trois couples d’Arlequins plongeurs
(Histrionicus histrionicus) nageant à contre courant dans un cours d’eau
rapide, en fond de faille. Son nom islandais « Stroumond », qui signifie
«canard des torrents » dit bien qu’il faut le chercher dans les rivières
claires et tumultueuses.

« L’hiver, l’Arlequin reste en mer et au printemps on peut observer des
rassemblements de cet oiseau dans les fjords, les baies à l’embouchure des rivières. En avril et mai, il va remonter les rivières dégelées. Ce
mouvement est identique à celui fait par les saumons (salmo salar) qui
montrent le même comportement. Leurs lieux de reproduction sont les mêmes, ce qui laisse à penser que les canetons et les alevins consomment la même nourriture.
Il est curieux de constater que les Arlequins suivent toujours les cours
d’eau pour gagner les lieux de reproduction au lieu de couper, en volant au
plus court par l’intérieur des terres « (Michel Breuil). Plus tard, au
Nord de l’ïle sur l’Oxnadasa, près d’Akureyri, nous en avons compté 76
regroupés !

- A peine venions nous de quitter la faille des Arlequins que s’offraient à
nous dans la prairie irriguée proche de Thingevillir, une dizaine de
familles d’Oies cendrées composées d’oisons de différents âges, au duvet
plus ou moins fourni. A notre approche, lentement les parents passaient
derrière leur progéniture pour éventuellement pouvoir s’interposer.

- Le tour du lac de Thingvallavatn (83 km² de superficie) d’où émerge un
volcan post-glacière formé de deux cratères, lieu riche en canards mais qui
restera dans nos mémoires en raison de l’observation des premiers Plongeons imbrin (Gavia immer) en superbe livrée noir et blanc. Nous en verrons d’autres dans la région de Myvatn au nord et y entendrons deux mâles pousser leur chant lugubre en se répondant d’un étang à l’autre.

- Non loin de là, la surprenante rencontre d’un vison d’Amérique (mustela
vison), qui longeait la rive d’un petit cours d’eau alors qu’à environ 15
mètres nous étions sur l’autre rive. Il ne nous a pas vu, aussi avons nous
pu assister pendant une quinzaine de minutes à ses va et vient, ses
recherches de proies dans différents terriers au bord de la rivière.

- Au détour d’un chemin, nous surprenons sur la petite retenue d’eau d’une
mini usine électrique plusieurs mâles de Garrots d’Islande (Bucephala
islandica) placidement posés sur le rebord du bassin. Notre arrivée ne les a
nullement dérangés. Cette région de Thingvellir est la seule à héberger
quelques Garrots d’Islande en dehors de la zone du lac de Myvatn ou de la
rivière Laxa, au nord de l’île, où vit la quasi totalité de la population
islandaise estimée à 800 couples. A cet endroit,en effet, nous avons vu des
rassemblements de plusieurs dizaines de Garrots avec des poussins qui
accompagnaient les adultes.
- La surprise d’un couple de Faucons émerillon (Falco colombarius
subaesalon) posé près d’une petite rivière avec en toile de fond le glacier
volcan du Shaefellness ; Vous vous en souvenez, c’est de cet endroit
mythique que Jules Verne a fait démarrer son « Voyage au centre de la
terre ».

Il est conseillé de ralentir au niveau des très nombreux ponts rencontrés –
ils sont souvent étroits et on ne peut se croiser – mais surtout parce que
nombreuses sont les occasions de voir des oiseaux dans le cours d’eau, en
amont ou en aval, sur le tapis des berges où perchés sur les rochers.

- En nous rendant à Gullfoss (la cascade d’or) et à Geysir (les fameux
geysers) dans le fond de vallée du Laugarvatns-hellir parsemé d’une dizaine des grands panaches de fumée blanche, signes d’activité géothermique, un groupe de Cygnes chanteurs semblait se plaire dans cette eau chaude d’où montait de la vapeur qui estompait les contours des oiseaux et des rives. Féerique vision !

- On nous l’avait dit. Plutôt que de rejoindre le Nord Ouest par route, il
fallait privilégier la traversée du Breidafjördur par ferry. Parmi les
quelques 3000 îlots, l’île de Flatey (0.5 km²) est une étape obligée pour
les ornithos, d’autant qu’à l’occasion de la traversée on peut avoir la
chance d’apercevoir des mammifères marins outre les phoques gris (Halicoetus grypus) et veaux marins (Phoca vitulina) nombreux autour de l’île.

Embarquez à 9h a Stykkisholmur, vous atteindrez Flatey vers 11h. Laissez
votre voiture sur le bateau, les clefs sur le contact (ça ne risque rien),
elle sera débarquée à Brjanslaekur sans vous. Vous prendrez le second ferry à 17h45 pour arriver à destination une heure plus tard. Le chef de quai vous remettra les clefs de votre voiture qu’il aura bien pris soin de fermer.

Vous verrez une densité d’oiseaux exceptionnelle ; c’est là que nous ont
été offertes nos plus fortes concentrations de Bruants des neiges, de Pipits
farlouses, de Bergeronnettes grises (Motacilla alba) à l’intérieur des
terres et de Bécasseaux violets (Calidris maritima) sur les rochers du
pourtour. Il ne faut pas oublier les nombreuses femelles de Phalaropes à bec étroit (Phalaropus lobatus) peu craintives, la plus colorée du couple ..le
mâle est plus rare car une fois les œufs pondus, c’est lui seul qui couve.

Cette abondance s’explique par le fait que les habitants (quelques dizaines) ont exterminé totalement les surmulots et tuent systématiquement les Grands corbeaux (Corvus corax varius) et les Goélands marins (Larus marinus) espèces non protégées, prédatrices des nids.

Attention ! Evitez de trop vous approchez des nids, le dérangement est
certain, les oiseaux étant peu farouches.

- L’ambiance fascinante des falaises de Latrabjarg, déjà évoquée, avec des centaines de milliers d’oiseaux sur 14 km à l’extrême Ouest islandais. C’est ici dans le Breidafjördur que nous avons rencontré nos premiers Goélands bourgmestre (Larus hyperboreus). Ils nichent sur les falaises en concurrence avec le Goéland marin dont l’extension est favorisée par le réchauffement climatique. La population des Goélands bourgmestre est d’environ 800 couples cantonnée dans cette zone de l’Est/Nord-est pendant la saison de reproduction.

- La rencontre, instant fort, avec le Faucon gerfaut (Falco rusticolus
islandus) vu au dessus d’un champ de lave aux formes hérissées dans le
Snaefellsnes au pied de l’Helgrindur. Nous en reverrons furtivement un
second dans le canyon de Dettifoss (au Nord)

- Dans toute cette région, par la route conduisant à Isafjordur vous
traverserez la zone de montagne où niche le Pygargue à queue blanche
(Heliatus albicilla).

Il a failli être exterminé sous l’action des hommes à la fin du XIXème
siècle ; ces derniers souhaitaient préserver les Eiders à duvet, proies
favorites des Pygargues, dont la récolte du duvet et des œufs était une
activité lucrative. Pourtant, que pouvait faire une centaine de couples
d’aigles sur une population d’environ 150.000 couples d’Eiders ? Il est
aujourd’hui protégé … Ouvrez grands vos yeux sur les cimes et les vires.

- C’est également sur cette route que Michèle, dont l’intuition était en
éveil depuis un oiseau manqué près de Thingvillir, a trouvé dans la joie un
Lagopède alpin (Lagopus mutus islandorum) à moins de dix mètres de la route. Son plumage de printemps est blanc tacheté de brun, confondu avec le rocher sur lequel il était posé. Notre présence ne l’inquiétera pas et il ne fera pas un mouvement, acceptant la mise en place (avec précaution) du matériel de prise de vue.

- Sur la route vers Akureyri (la capitale du Nord) un groupe de fermes du
XVIIIème siècle à Glaumbaer, construites avec des blocs de tourbe mérite
votre visite. Non loin de là, des nids en colonie de Barges à queue noire
(Limosa limosa islandica) sont opiniâtres à défendre leur territoire (une
quarantaine de mètres autour du nid).

L’aire de répartition, à l’origine en périphérie des marais, de la lande
mamelonnée partiellement inondée a évolué vers des milieux plus ouverts,
moins humides crées par les pratiques agricoles (Michel Breuil)

La variété islandaise, au bec et aux pattes plus courtes présente un
plumage nuptial brun orangé plus intense et qui s’étend plus bas sur la
poitrine que sur les barges du reste de l’Europe (limosa).

- Depuis le petit port d’Isafjördur en direction de l’Est pour rejoindre
Akurery et Myvatn, les routes longent les fjords, les falaises abruptes les
dominent et le regard ne peut se porter que vers la gauche – la mer - . Quel spectacle ! Des milliers d’Eiders à duvet en groupes de plusieurs centaines, mâles et femelles, se balancent au gré de la vague.

Leur population sur toute l’île est estimée à 300.000 couples, répartie
uniquement en bord de mer sur environ 250 colonies de 1000 à 1200 individus, pour plus de la moitié dans l’Ouest. Les Eiders à duvet sont protégés par les islandais, sa chasse est interdite depuis 1847. Chaque cane tapisse son nid de 18/19 grs de duvet qu’elle s’arrache de la poitrine. Sans que cela nuise au développement de l’espèce, l’homme prélève chaque année de 2,5 à 4 tonnes de duvet essentiellement exporté.

- Nous avons apprécié l’Auberge de jeunesse d’Akureyri, deuxième ville de
l’Islande, digne d’un hôtel trois étoiles avec moquette, chambres
spacieuses, grandes cuisines pourvues de tout le confort, avec machine à laver le linge, séchoir en machine comme dans la plupart des A.J. islandaises. … Et tout cela pour moins de 20 euros la nuit par personne. En Islande, à la saison, une chambre pour deux personnes dans un hôtel simple coûte plus de 100 euros.

- Notre escapade à l’île de Grimsey (cercle arctique 66°33’ Nord) dans un
petit avion à hélices, s’est révélée une aventure fabuleuse : notre arrivée
s’est faite à 22 heures sous un soleil radieux sans un nuage …le coucher de soleil photographié à 0 heures était suivi à 0 heures 1 minute par le lever du même soleil tout de suite haut dans le ciel !! Quel souvenir que les
Macareux moine sous la lumière orangée du soleil de minuit !

A Grimsey vous attendent des falaises habitées par des milliers de Laridés,
des Mouettes tridactyles, des Fulmars boréals et au sol plusieurs centaines de Sternes arctiques se manifesteront brutalement à votre passage. Comme vous repartirez le lendemain à 21H30 vous aurez toute une journée pour découvrir l’avifaune de cette île de 4km x 2km. Soixante espèces sont répertoriées dont 36 s’y reproduisent régulièrement.

A noter l’accueil tellement chaleureux de Hulda Signy GYLFADOTTIR, la jeune femme responsable du Guest House ‘Basar’ tout près de la piste
d’atterrissage (elle parle un peu le français).

- Les remarquables régions du lac Myvatn et de la rivière Laxa, du canyon Fjöllum dans lequel se précipitent les eaux de fonte du glacier du
Vatnajökull.

Trois ou quatre jours sont nécessaires et l’achat de la carte « Husavik –
Myvatn » au 100.000ème est indispensable.

Attention ! En Islande les routes sont très bien repérées par un numéro ;
celles dont le numéro est précédé de la lettre F nécessitent l’utilisation
de 4x4. Si vous les empruntez vous risquez, hors les difficultés propres à
ces routes plus ou moins carrossables, avec des gués à la profondeur
inconnue etc... , d’être déchu de la protection d’assurance en cas
d’accident et d’avoir des problèmes avec la société de location car la garde
au sol de votre véhicule est généralement insuffisante.

En particulier, il est tentant de descendre le canyon de la Jökulsa à
Fjölumm par la route de la rive droite (la 864) et de souhaiter revenir par
la rive gauche, or rive gauche, il n’y a que la F862 que vous ne pouvez
emprunter sans risque. Il vous est conseillé de revenir par la même 864.

Ceci posé, la carte vous permettra de chercher les oiseaux dans tous les
coins où ils se trouvent. Comme nous, dans la moindre petite rivière, le
moindre petit étang vous surprendrez plusieurs dizaines de Garrots d’Islande
avec les poussins, ailleurs des couples de Grèbes esclavons (Podiceps
Auritus) les petits juchés sur le dos, dans tel autre étang des couples de
Plongeons catmarin (Gavia stellata). C’est dans cette région que nous avons vu nos premiers couples d’Hareldes de Miquelon (Clangula hyemalis) à la silhouette élancée. Les rivières étant peu larges et les plans d’eau de
petites dimensions, les oiseaux s’observent de relativement près sans qu’il
soit nécessaire de sortir des chemins.

Des concentrations de 80 à 100.000 canards se constataient il y a quelques années sur le lac Myvatn lui-même ; aujourd’hui semblent plus intéressantes les zones humides AUTOUR du lac Myvatn.

En effet, le fond du lac est formé par un dépôt de diatomite de plusieurs
mètres d’épaisseur. Ce sédiment constitué par l’accumulation de squelettes
de certaines algues (Diatomées) à une utilisation industrielle dans les
procédures de filtrage. Dragué régulièrement et plus rapidement que la
formation des dépôts ne se fait, le lac voit sa profondeur augmenter et les
canards plongeurs qui se nourrissent sur le fond ont de plus de plus de mal
à s’alimenter, aussi délaissent-ils le lac et fréquentent ils les zones
marécageuses adjacentes non encore perturbées par les activités
industrielles qui ne respectent pas les avis des protecteurs de la nature.
(Michel Breuil)
Il a fallu attendre de nous trouver au Nord de l’île, dans l’
Öxarfjardarheidi ou près d’Akureyri pour voir nos premières Oies à bec court (Anser brachyrhynchus) présence confirmée quand nous avons rejoint
Seydisfjördur à l’Est dans le Mödrudalsfjalgardar. Nos quatre rencontres ont concerné chaque fois des groupes importants d’une vingtaine, d’une
quarantaine, dont près du tiers seulement était des adultes.
Surtout cantonnées en grand nombre dans les déserts centraux, elles se
rencontrent dans les « oasis » de ces zones où la végétation herbeuse est
abondante le long des rivières.


- Il faut mentionner, bien que ce soit vide d’oiseaux, le passage de la
route à hauteur du glacier du Vatanajökull. Impressionnante moraine
frontale, icebergs dérivant dans l’eau bleue de lait de la lagune du
Jökulsarlon.

Voir, à l’office du tourisme de Skaftafell, le film, pris d’avion, sur le
volcan de feu qui en 1996 s’est réveillé sous la calotte glacière est un
grand moment. On imagine à peine comment un magma à 1000° a provoqué l’effondrement de la calotte glacière épaisse à cet endroit de 450 mètres.
Une vague énorme de 5 mètres de haut, charriant de la boue et des icebergs pesant jusqu’à 200 tonnes, a déferlé à travers les sables inhabités du Skeidarasandur. La route fut détruite sur 10 kilomètres. Puissance colossale d’une nature incontrôlable.

- C’est justement dans ces grandes plaines de la côte Sud (les Sandar) que
se trouve pour nidifier la majorité des effectifs de Grands labbes
(Stercorarius skua). Ont été recensés 3000 couples sur les 1.000 km² des
plaines, soit environ une densité de trois au km². Il n’est pas rare, d’un
même regard, de voir une dizaine de Grands labbes en vol veillant à la
protection des nids.
Ce sont des prédateurs redoutables qui pratiquent le kleptoparitisme. Ils
harcèlent en vol Fous de bassan (Morus bassanus) ou Goélands jusqu’à ce
que ces derniers lâchent leur proie. Ils consomment œufs, poussins de Grèbes
huppés, Fulmar et des différents canards. Ils attaquent volontiers de rude
façon tout humain qui se hasarde trop près du nid.

A Grimsey, nous avons pu constater leur voracité et la compétition entre
deux Grands Labbes au détriment d’une Mouette tridactyle qui a été
entièrement dévorée en peu de temps.

- Efficace technique que celle de ces deux Labbes parasites (Stercorarius
parasitus) que nous avons vu séparer une mère cane Colvert de ses petits,
pour pouvoir s’emparer d’eux. Ce prédateur est répandu sur toute l’île et
ont été recensés 8000 couples, les trois quart étant en version sombre. Il
pratique également le kleptoparasitisme mais plus agile que le Grand labbe
il peut s’attaquer aux Sternes arctiques, aux Mouettes tridactyles et aux
Macareux moines.

- Ne manquez pas le site de Vik – Dyrholaey qu’il faudra aborder de très
bonne heure pour profiter des meilleures lumières. Réputé pour ses colonies de milliers d’oiseaux, il est constitué de majestueuses falaises de basalte qui s’avancent dans la mer avec une arche naturelle sous laquelle un bateau peut passer. La visite du site peut se faire de la plage ou du sommet des falaises. Vous vivrez un spectacle inoubliable en voyant ces milliers de Macareux moines qui quittent leur nid et plongent en mer pour en revenir avec le bec garni de poissons.

Au large, vers l’Est, un spectaculaire rocher abrite une importante colonie
de Fous de bassan très à portée de nos lunettes.

Pour longtemps, nous aurons en mémoire les conditions exceptionnelles de
notre vécu avec les oiseaux d’Islande, dans cette nature neuve et attachante où la présence de l’homme se voit si peu.
L’Islande se mérite, aussi ne tente-t-elle pas les grandes foules mais
plutôt des amoureux de nature prêts à accepter des conditions qui peuvent
être difficiles.
Nous sommes revenus avec un tel sentiment de plénitude reconnaissante que nous ne regrettons même pas de n’avoir pas vu de Pygargue à queue blanche, d’Harfang des neiges, de Mergule nain, ou de Phalarope à bec large.

Ne serait-ce pas l’occasion de souhaiter revenir ?

André Boussard -


Re: Compte-rendu Islande juin 2003

Envoyé par : Laurent (Adresse IP journalisée)
Date : Mon 20 October 2003 08:01:34

merci à tous...
le choix est vraiment complexe.



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