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Une moule en perdition, témoin de la dégradation des rivières - afp

Envoyé par : saintmarcjl (Adresse IP journalisée)
Date : Mon 11 January 2010 12:42:23

11/01/2010 à 11h34


PARIS (AFP) - La grande mulette, une moule d'eau douce autrefois couchée au fond des rivières européennes, joue sa survie dans les trois dernières colonies connues, en Espagne et en France.

En cette année internationale de la Biodiversité, le Museum d'Histoire naturelle attire les projecteurs sur la Margaritifera auricularia, une "vieille grand-mère" dont les dernières survivantes atteignent déjà 100 à 150 ans, ultimes rescapées de l'urbanisation et de la pollution.

Trois populations seulement, une en Espagne (2.000 individus) et deux en France - dans le fleuve Charente (20.000) et la Creuse (200) - subsistent de ce mollusque répandu autrefois du Danemark au Portugal.

"La France a une responsabilité particulière, puisqu'elle abrite 80% de la population mondiale", relève Philippe Keith, biologiste au Museum à Paris.

"Une planète, c'est un tout, avec des interconnexions entre ses éléments. Si on en enlève certains, on met en péril tout le système".

Impropre à la consommation, sans prédateur, cette moule qui peut atteindre 20 cm, fut un temps ramassée pour sa nacre. Mais elle coule d'ordinaire sa longue vie immobile enfouie sur les fonds, où à l'aide de ses deux siphons elle assure le filtrage de l'eau.

"S'en priver, c'est se priver d'un service rendu à l'espèce humaine", insiste M. Keith.

Ce rôle l'expose cependant tout particulièrement aux rejets polluants qu'elle finit par stocker en excès dans son organisme.

En outre, le mollusque immobile se reproduit en nichant sous forme de larves dans les branchies des esturgeons voyageurs, pour essaimer au fil des cours d'eau. Or l'esturgeon, son hôte, a pratiquement disparu d'Europe.

Doublement victime de la dégradation des eaux et de la disparition de son moyen de transport, la grande mulette l'est donc aussi des aménagements comme les barrages, qui entravent sa libre circulation.

"On a une dizaine d'années devant nous pour sauver la grande mulette, car cette population âgée ne se reproduit plus, estime Vincent Prié, biologiste du bureau d'études Biotope, basé près de Sète, associé au Museum pour sauver ce mollusque. Il s'est d'ailleurs chargé de son inscription sur la liste des espèces "en danger critique d'extinction" de l'UICN, l'Union mondiale pour la nature.

"En 2007 dans l'Oise, nous sommes arrivés sans doute un ou deux ans après la disparition des dernières", explique-t-il. "On a trouvé les coquilles encore en position de vie, à demi-fichées dans les sédiments du fleuve", en explorant le chantier du futur canal Seine-Nord-Europe.

Cette mort programmée a convaincu le ministère de l'Ecologie de lancer, fin 2009, un Plan national d'action en sa faveur, dix ans après un plan européen de sauvegarde qui manque encore cruellement de moyens.

L'urgence, explique le biologiste, est d'améliorer les connaissances et de prospecter le sud-ouest de la France, à la recherche d'éventuelles populations inconnues. Et la priorité, de leur trouver de nouveaux poissons migrateurs susceptibles de les accueillir.

L'Espagne développe déjà des expériences in vitro sur des esturgeons d'élevage de Sibérie: "Les larves s'accrochent bien au début, mais ensuite les jeunes n'arrivent pas à grandir en aquarium", note-t-il.

Mais leur sauvegarde, insiste Vincent Prié, "passe par la restauration du bon état écologique des eaux: et là, il faut faire respecter la loi", notamment les directives européennes contre les nitrates. "Si on n'arrive pas à sauver la grande mulette, on conduira au moins une action favorable aux rivières".

© 2010 AFP

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